Cet article date de plus de quatre ans.

Kim Jong Un à cheval en Corée du Nord : un signe d'annonce politique majeure ?

Tous les jours, dans "Un monde d’avance", un coup de projecteur sur une actualité à l’étranger restée sous les radars. Aujourd’hui, Kim Jong Un dans une mise en scène qui présage une grande nouvelle.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Kim Jong Un se promenant sur un cheval blanc dans un paysage enneigé du mont Paektu, montagne sacrée pour les Nords-Coréens située à la frontière avec la Chine, le 16 octobre 2019. (KCNA / MAXPPP)

Ce sont des images de propagande, dans la pure tradition nord-coréenne. Imaginez Kim Jong Un, engoncé dans un manteau à col de fourrure, visage rougi par le froid et mains gantées, à califourchon sur un cheval d'une blancheur immaculée. Sur certains clichés, le dirigeant nord-coréen galope, un rien crispé, à travers un champs enneigé. Sur d'autres, il pose sur sa monture, le dos bien droit pour faire bonne figure malgré son embonpoint. En arrière-plan, les sommets majestueux et enneigés du mont Paektu, 2 744 mètres, l'une des montagnes sacrées de la péninsule coréenne, considéré comme le berceau du peuple coréen.

Un lieu de pèlerinage qui voit chaque année défiler des dizaines de milliers de Nord-Coréens élevés dans le culte de la dynastie Kim. Cette série de photos, non datées, a été dévoilée ce mercredi 16 octobre par l'agence de presse officielle nord-coréenne. 

La symbolique est transparente : le cheval blanc, c'est tout à la fois la monture du prophète, de l'empereur, du roi, du héros national... Saluons donc ici Kim Jong Un ("le grand soleil du XXIè siècle", selon la terminologie officielle) dans l'un de ses meilleurs rôles : protecteur de la pureté nord-coréenne face aux puissances malveillantes venues de l’extérieur.  

La Corée du Nord contre "les forces hostiles"

Car après être descendu de cheval, le leader suprême a expliqué que, si le pays traversait des difficultés, c'était en raison des sanctions internationales prises à l’initiative des États-Unis contre son programme d’armement nucléaire.

La douleur qu’ont infligée au peuple coréen ces forces hostiles n’est plus de la douleur, c’est devenu leur colère.

Kim Jong Un

à l'agence officielle KCNA

Chaque fois que le leader suprême s'est rendu sur le Mont Paektu avec ses photographes officiels, c'était à un moment clé de son règne : en février 2013, peu avant de faire exécuter son oncle, son mentor ; en novembre 2014 après le deuil de trois ans ayant suivi la disparition de son père ; et surtout en décembre 2017 avant le processus de réconciliation avec le Sud, et les ouvertures diplomatiques qui ont permis son sommet historique avec le président américain Donald Trump.  

Une annonce politique majeure attendue  

Cette chevauchée fantastique n'est donc pas qu'une mauvaise parodie de la "Reine des Neiges", c'est un événement "d’une importance fondamentale", dit l'agence de presse nord-coréenne. Les spécialistes de la Corée du Nord s'attendent en effet dans les prochains jours ou les prochaines semaines à une annonce politique majeure. Le 1er janvier 2020, lors du grand discours annuel de Kim Jon Un ? Dans le langage du régime, il s'agirait en tout cas d'"une grande opération pour frapper le monde d’étonnement et faire un pas en avant dans la révolution coréenne".   De quoi s'agira-t-il ? D'une reprise des essais nucléaires ou balistique longue portée ? D'un lancement spatial ? De l'ouverture des complexes touristiques de Wonsan et Samjiyon ? Toutes les hypothèses sont ouvertes.  

Un fait : depuis l'échec du deuxième sommet Kim - Trump en février dernier , les discussions sur la dénucléarisation sont toujours dans l'impasse... Selon un spécialiste, cité par le quotidien Korea Times, Kim Jong met à profit ce répit pour "augmenter son potentiel de destruction nucléaire". Sur le plan balistique, c'est la même chose, PyongYang continue de faire monter la pression avec plusieurs tirs de courte portée effectués ces derniers mois, mais aussi un tir de missile balistique mer-sol début octobre.  

Dans ce pays où tout se joue à huis-clos, cela fait trois générations que les ambitions nucléaires du Nord représentent l'assurance-vie du régime. Il est peu probable qu'il y renonce en un ou deux ans.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.