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Karine Jean-Pierre, nouvelle porte-parole de la Maison Blanche, première femme noire et lesbienne à occuper ce poste

Il y a des nominations à forte portée symbolique. C’est le cas avec celle annoncée ce 5 mai à Washington. La Maison Blanche va changer de porte-parole et la nouvelle responsable de la communication du président possède un parcours hors du commun.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Passation de pouvoir entre Karine Jean-Pierre et Jen Psaki, à la Maison Blanche à Washington (Etats-Unis) le 5 mai 2022 (SAUL LOEB / AFP)

"Je suis tout ce que Donald Trump déteste". Voilà ce que disait Karine Jean-Pierre il y a quelques mois, avant d’ajouter : "Je suis gay, je suis noire, et je suis mère". Le fait est là : c’est la première fois qu’une femme noire et ouvertement lesbienne va occuper ce poste prestigieux de porte-parole à la Maison Blanche. Karine Jean-Pierre vit en couple avec une journaliste de CNN, avec laquelle elle a une petite fille prénommée Soleil. 

Il y avait beaucoup d’émotion, ce 5 mai au soir; dans la salle de presse, lorsque l’actuelle porte-parole Jen Psaki, a annoncé ce passage de témoin, qui aura officiellement lieu le 13 mai, dans une semaine. Jen Psaki était au bord des larmes lorsqu’elle a pris Karine Jean-Pierre dans ses bras : "Représenter tout ça, ça compte. Karine va donner une voix à tellement de personnes, montrer à tellement de personnes ce qui est possible quand on travaille dur et qu’on a de grands rêves". Le départ de Jen Psaki n’est pas une surprise, elle avait toujours annoncé qu’elle arrêterait en cours de mandat. Et la nomination de Karine Jean-Pierre n’est pas une surprise non plus, elle était déjà porte-parole adjointe. Mais ça n’enlève rien à la portée du symbole.  

La fille de modestes immigrés haïtiens

Karine Jean-Pierre a aussi de vrais liens avec la France. La nouvelle porte-parole aujourd’hui âgée de 44 ans, est francophone. Et pour cause : elle est née à Fort-de-France, en Martinique, de parents haïtiens qui avaient fui la dictature de Duvalier. Toute petite, elle vit ensuite quelque temps à Paris, avant que ses parents ne s’installent à New-York dans le quartier du Queens. Son père devient alors chauffeur de taxi (il y a beaucoup de Haïtiens chauffeurs de taxi à New-York) et sa mère aide-soignante.

Le parcours de Karine Jean-Pierre est ensuite celui l’incarnation d’une ascension sociale fulgurante. L’un de ces parcours qui font la légende des Etats-Unis. Elle le racontait d’ailleurs il y a quelques mois lors d’une interview avec notre consœur Sonia Dridi de France 24 : "C’est ça le rêve américain, arriver ici comme un immigrant et accomplir ce rêve, c’est la marque de fabrique de ce pays". Ses parents auraient aimé la voir devenir médecin. Mais après des études à la célèbre université de Columbia, Karine Jean-Pierre préfère l’engagement social et politique.

L'engagement avec Barack Obama et Kamala Harris

En 2008, Karine Jean-Pierre n’a alors que 30 ans et elle s’engage dans la primaire démocrate aux côtés de l’un des candidats, John Edwards. Barack Obama remporte la primaire. Karine Jean-Pierre rejoint son équipe de campagne. On connaît la suite. La fille d’immigrés haïtiens sera également de la campagne 2012, celle de la réélection d’Obama. Elle devient ensuite chargée de cours à l’université Columbia, là où elle avait étudié, puis s’engage dans des associations de défense des droits. C’est une militante active, à la personnalité affirmée, souvent habillée en jaune vif. On ne peut pas la rater. En 2020, on la retrouve comme conseillère politique au sein de l’équipe de campagne de Joe Biden. C’est aussi une proche de la vice-présidente Kamala Harris.

Le 13 mai, elle va donc accéder au célèbre pupitre de la salle de presse. À six mois des élections de mi-mandat, elle va devenir le visage de la Maison Blanche.      

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