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Incendie d'un porte-conteneurs : le Sri Lanka menacé par une catastrophe écologique

Cette île au sud-est de l'Inde se prépare à faire face à une gigantesque marée noire après le naufrage d'un porte-conteneurs. 

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le bateau en feu en pleine mer au large du Sri Lanka, le 2 juin 2021.  (SRI LANKAN AIR FORCE MEDIA HANDOUT / MAXPPP)

Depuis le 20 mai, un énorme porte-conteneurs est victime d’un incendie, au large de Colombo, la capitale du Sri Lanka, cette île de 22 millions d’habitants située au sud-est de l’Inde. Les tentatives de remorquage pour éloigner le navire des côtes ont toutes échoué alors que le bâtiment est rempli de produits toxiques.

Le "MV X Press Pearl", long de 186 mètres et haut de 45 mètres, soit à peu près l’équivalent d’un immeuble haut de 15 étages, est en train de couler. Sa partie arrière a déjà touché le fond, il est comme planté de biais dans l’eau. Comme les fonds ne dépassent pas 25 mètres, il est d’ailleurs possible que le pont supérieur du bateau reste de toute façon en dehors de l’eau, une image assez sidérante.

Le "X Press Pearl" est chargé de plus de 80 conteneurs qualifiés de dangereux, dont plus de 20 tonnes d’acide nitrique. C’est d’ailleurs sans doute une fuite d’acide nitrique qui est à l’origine de l’incendie. À cela il faut ajouter 20 conteneurs de lubrifiants et 350 tonnes de carburant. Le risque est donc très élevé de voir se créer un mélange de tous ces produits, une "soupe chimique", destructrice pour la flore et la faune marines et les côtes situées à proximité.  

Un mélange dangereux de carburant et d'acide nitrique

En réalité, la pollution a déjà commencé. Les images aériennes montrent clairement des nappes d’huile à la surface. Le navire a déjà laissé échapper des tonnes de granulés de plastique et des produits destinés à l’industrie de l’emballage. C’est déjà une catastrophe écologique pour le Sri Lanka, en particulier pour cette zone marine située juste au nord de Colombo, près de la lagune de Negombo. Ces billes de plastique se sont déjà répandues sur plus de 80 kilomètres de côtes.

Des équipes en combinaison de protection blanche ont été déployées sur les plages pour commencer à les nettoyer, avec d’immenses sacs de protection jaunes mais cela risque de durer des semaines. C’est aussi une catastrophe économique pour les pêcheurs de la région car ils ont l’interdiction de sortir en mer. Et pour des milliers de familles, la pêche reste la seule ressource. Au Sri Lanka, près de 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté.   

Une énorme compagnie de fret

Le Sri Lanka a appelé à l’aide l’Inde pour lui fournir de l’assistance technique. Son grand voisin a déjà contribué à éteindre en grande partie l’incendie. Des barrages flottants ont été pré-positionnés près de la côte avec des produits dispersants et "des écrémeurs de surface". Cependant, si la marée noire se déclenche, il est peu probable que ce soit suffisant. Les autorités du Sri Lanka semblent assez pessimistes.

Et comme souvent en pareil cas, établir les responsabilités s’annonce compliqué. Le Data voyage recorder, l’équivalent de la boîte noire du navire, n’a pas été localisé pour l’instant. Le vaisseau est immatriculé à Singapour par une énorme compagnie de fret, X Press Feeders. Elle va évidemment faire jouer les assurances et mettre en cause les propriétaires des produits embarqués et des conteneurs. Les pêcheurs du Sri Lanka risquent fort de ne pas être indemnisés de sitôt.  

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