Îles Salomon : le profil du nouveau Premier ministre confirme la solidité des nouvelles relations avec la Chine

L'ancien ministre des Affaires étrangères pro-chinois Jeremiah Manele a été élu jeudi Premier ministre des îles Salomon. Ce vote confirme l’influence de Pékin dans cette région hautement stratégique en dépit des efforts menés par les États-Unis et leurs alliés.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié Mis à jour
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Jeremiah Manele, alors ministre des Affaires étrangères des îles Salomon, et son homologue chinois, à Pékin, le 21 septembre 2019. (NOEL CELIS / AFP)

Aux îles Salomon, les élus de cet archipel du Pacifique Sud viennent d’élire jeudi 2 mai comme Premier ministre, Jeremiah Manele, un ancien chef de la diplomatie, artisan du rapprochement avec la Chine. Cela fait déjà cinq ans que les Îles Salomon se montrent sensibles aux yeux doux de Pékin. Cinq ans durant lesquels les élus de l’archipel ont fait monter les enchères en acceptant tout aussi bien l’aide essentielle, historique fournie par l’Australie, que les investissements massifs de la Chine. Un bras de fer remporté par le gouvernement chinois, qui se confirme avec l'élection de Jeremiah Manele.

C’est une confirmation, car cela fait déjà deux ans que l’entente a été scellée entre les Îles Salomon et la Chine avec la signature d’un pacte de sécurité, dont le contenu est, encore aujourd’hui, tenu secret. Ce pacte a permis aux entreprises chinoises de se développer sur l’archipel et à Pékin de réaliser un coup de maître dans sa bataille pour le contrôle du Pacifique. Mais ce pacte a surtout donné l’opportunité à la Chine de se positionner à moins de 2 000 kilomètres de Sydney.

Un rapprochement qui inquiète l'Australie

Le sujet est considéré comme très sérieux par les autorités australiennes. L’Australie, signataire de l’accord de coopération militaire Aukus, avec les États-Unis et la Grande-Bretagne, est aussi le grand frère des Îles Salomon au sein de la Communauté du Commonwealth. Celle-ci était censée s’assurer de la loyauté de l’archipel en lui distribuant chaque année des millions de dollars d’aide au développement. Mais les arguments chinois ont visiblement pesé plus lourd, au point d’aboutir à ce pacte de sécurité. Un rapprochement qui a immédiatement semé une certaine panique en Australie.

À l’époque, l’Australien Sam Roggeveen, ancien analyste de défense et de renseignement, expliquait pourquoi cet accord était en mesure de remettre en cause la stratégie de défense australienne. "La force de la stratégie de défense australienne est basée sur la longue distance. Donc, la moindre initiative destinée à rapprocher une menace potentielle du territoire australien doit nous inquiéter. Nous devons nous attendre à ce que la Chine déploie sa présence militaire partout en Asie", expliquait-il. Si le gouvernement chinois affirme que son intention n’est absolument pas d’installer du matériel militaire sur l’archipel, les experts assurent que depuis deux ans, sur au moins trois îles de l’archipel, le terrain a été préparé pour pouvoir positionner des capacités militaires majeures.

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