Haïti : les États-Unis préparent le terrain à l'arrivée d'une force multinationale de sécurité
L'armée américaine a indiqué mardi 7 mai avoir commencé à déployer en Haïti des éléments précurseurs à l'envoi d'une force multinationale de sécurité sous leadership kényan dans ce pays en proie à une crise sécuritaire et politique qui dure depuis des années. En mars 2024, le Premier ministre Haïtien Ariel Henry était poussé à la démission. Alors qu’il effectuait un déplacement à l’étranger, Ariel Henry ne pouvait tout simplement plus atterrir à Port-au-Prince, la capitale où les gangs s’étaient alliés pour empêcher son retour en attaquant l’aéroport Toussaint-Louverture et en prenant d’assaut les bâtiments officiels.
Depuis, un conseil présidentiel de transition a été mis en place et le mode de gouvernance qui a été choisi repose sur une présidence tournante avant l’organisation des prochaines élections. La priorité de ce conseil de transition est de rétablir l’ordre et de reconquérir les territoires contrôlés par les gangs. En attendant, les préparatifs pour le déploiement de la force multinationale se poursuivent. Une force internationale, a été autorisée par l’ONU il y a sept mois, depuis, la situation s’était enlisée.
Mais ces derniers jours, les choses semblent s’accélérer. Les États-Unis ont commencé à déployer mardi du matériel militaire et des équipements à Port-au-Prince, des fournitures qui devront servir à cette force multinationale qui s’apprête à arriver en Haïti sous le commandement du Kenya comme c’était prévu. Selon une source au sein du gouvernement haïtien, un premier contingent de 200 policiers kényans est attendu le 23 mai 2024 à Port-au-Prince, une information qui n’a pas été confirmée ni démentie par le département américain qui se contente de dire que tout est fait pour que les premiers éléments de cette force arrivent dès que possible.
Négocier avec les chefs de gangs
Mais pour que cette force multinationale joue pleinement son rôle, il faudra d’abord négocier avec les chefs de gangs les plus conciliants. Notamment Jimmy Cherizier alias Barbecue qui est à la tête d’une coalition de gangs très puissante, le G9. C’est Barbecue qui est directement responsable de la démission du Premier ministre, Ariel Henry, en empêchant son retour en Haïti. Cet ancien policier de 47 ans a une très grande capacité de nuisance. Il est surarmé, il peut compter sur des milliers de partisans. Et Barbecue n’a pas toujours été dans l’opposition, c’était par exemple un proche du président Jovenel Moise assassiné, il y a bientôt trois ans.
Barbecue est donc un homme avec qui il est possible de discuter, ce qui n’est pas le cas de tous les chefs de gangs. Notamment des leaders du gang des 400 Mawozo, un groupe armé qui contrôle la banlieue nord de Port-au-Prince, un secteur stratégique, car c’est l’unique axe routier qui mène au nord du pays, mais aussi vers la frontière dominicaine. Le gang des 400 Mawozo a la réputation d’être brutal, impitoyable et incontrôlable. Donc, la tâche qui incombe à cette force multinationale est complexe, elle s’apprête à débarquer dans un pays où les gangs sont tout-puissants, elle devra donc mener parallèlement des opérations de sécurisation et des missions de diplomatie pour restaurer peu à peu l’ordre et ainsi permettre l’organisation d’élections.
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