Guerre en Ukraine : Recep Tayyip Erdogan utilise le conflit pour asseoir l'importance stratégique de la Turquie dans la région
La guerre en Ukraine a rebattu les cartes et modifié les équilibres géopolitiques. En Turquie, le président Erdogan utilise habilement ce conflit.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, Recep Tayyip Erdogan est sur tous les fronts pour asseoir l'importance stratégique de la Turquie dans la région. Sur le front diplomatique, il est l'un des rares dirigeants à parler aux deux belligérants, et s'il a condamné fermement l'agression russe, il n'a pour autant pas voté les sanctions contre le Kremlin.
Recep Tayyip Erdogan se rêve en faiseur de paix. Sur le front militaire, il livre à l'Ukraine des drones de combat dont on a pu constater l'efficacité pour infliger de lourdes pertes aux troupes russes, et il utilise aussi à fond la géographie, la position stratégique de son pays, qui commande les détroits ouvrant sur la mer Noire pour se poser en interlocuteur essentiel sur la question cruciale des cargos ukrainiens chargés de céréales.
Recep Tayyip Erdogan est un opportuniste pragmatique nous rappelle Didier Billion, directeur adjoint de l'IRIS, l'Institut des relations internationales et stratégiques. "La Turquie est un pays qui compte. Ce pays est capable désormais d'influencer le dénouement d'un certain nombre de crises politiques, diplomatiques, voire militaires, explique le spécialiste. La Turquie, à la faveur de ce conflit, a su saisir des occasions et a su réaffirmer sa place dans toute cette région, notamment contingente à la Mer Noire. Pour moi, le conflit ukrainien a contribué à révéler aux yeux du plus grand nombre le rôle que pouvait avoir la Turquie. Mais ce n'est pas le conflit ukrainien en tant que tel qui, objectivement, a rendu la Turquie incontournable, elle l'était déjà auparavant."
Recep Tayyip Erdogan glorifie sans cesse la Turquie
Le président Erdogan n'a de fait jamais fait mystère de ses ambitions. Il ne perd pas une occasion de glorifier la grandeur de la Turquie. Comme dans cette vidéo mêlant des images de Sainte-Sophie, d'avions de combat turcs ou de Mehmet II, le conquérant de Constantinople.
Bizim için #Kızılelma büyük ve güçlü Türkiye’dir. Malazgirt’ten 15 Temmuz’a destanlar yazan milletimizin kutlu yürüyüşüdür.
— Fahrettin Altun (@fahrettinaltun) August 24, 2020
Kızılelma, gölgesinde nice mazlumun serinlediği ulu çınardır.
Cebeli Tarık’tan Hicaz’a Balkanlardan Asya’ya tüm insanlığın hasretle beklediğidir. pic.twitter.com/sBLesuGqDH
Il affectionne les références religieuses mais aussi belliqueuses. Dans un discours prononcé il y a deux ans, à l'occasion de la fête nationale turque, sans crainte de sombrer dans l'emphase. "Nous ne sommes pas, dit-il, une Nation avec une armée, nous sommes une nation qui est elle-même une armée. Si l'on allie notre supériorité technologique, nos remarquables ressources humaines et notre puissance spirituelle, avec l'aide d'Allah, aucune puissance ne pourra se mettre en travers de notre chemin."
L'Ukraine est donc une nouvelle opportunité pour le président turc Erdogan de rappeler que les grandes puissances devront compter avec la Turquie.
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