Guerre en Ukraine : les sanctions économiques pourront difficilement stopper l'invasion russe
Alors que l'Union européenne a renforcé mercredi les sanctions prises à l'encontre de la Russie pour protester contre l'offensive de Moscou en Ukraine, leur efficacité reste sujette à de nombreux doutes.
L'Union européenne a adopté un nouveau volet de sanctions à l'encontre de la Russie, mercredi 9 mars. Cela vise à s'opposer à l'invasion de l'Ukraine, débutée le 24 février. Ainsi, 160 nouvelles personnalités ont rejoint la liste noire dressée par les pays de l'UE. La question de l'efficacité des sanctions adoptées par les Vingt-Sept mais aussi par les autres pays du globe se pose néanmoins. Elle est pourtant cruciale à la veille du sommet des chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne, jeudi et vendredi à Versailles.
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Selon de nombreux experts, ces mesures économiques peuvent difficilement stopper l'invasion en Ukraine, même si les conséquences déjà importantes vont s'amplifier : l'activité bancaire est frappée de plein fouet pour limiter les capacités de financement de la guerre, les transactions de la banque centrale russe avec les pays occidentaux sont bloquées, les principales banques de Russie sont privées du système de communication interbancaire Swift et le rouble plonge. Par ailleurs, de nombreuses entreprises occidentales suspendent leurs activités en Russie, mettant au chômage des milliers de salariés, sans compter la fermeture de l'espace aérien de l'OTAN et de l'Union européenne aux avions russes. Enfin, l'embargo des États-Unis sur les importations de gaz et de pétrole russes va un peu affaiblir le secteur de l'énergie.
Pas d'effet sur les dirigeants mais sur la population
Pour autant, ces mesures n'empêcheront pas Poutine de continuer la guerre, d'après plusieurs diplomates occidentaux. En effet, les sanctions ne pénalisent pas directement le Kremlin, qui a techniquement les moyens de poursuivre la guerre pendant longtemps. La vie quotidienne de Vladimir Poutine et de sa garde rapprochée ne changera pas, ni celle des premiers cercles du pouvoir. Dans certaines ambassades occidentales, on estime que les sanctions contre les oligarques russes ont un impact limité sur des fortunes qui se comptent en milliards de dollars. Enfin, les généraux russes actifs dans la guerre voulue par Poutine ne montrent pour l'instant aucune réticence à écraser l'Ukraine. C'est uniquement lorsque cette caste se sentira menacée dans ses intérêts vitaux qu'elle pourrait lâcher le maître du Kremlin. D'où l'ajout, mercredi matin, des 160 noms sur la liste noire de l'UE.
En revanche, les sanctions économiques ont un effet indéniable sur l'économie russe et sa population. C'est d'ailleurs l'objectif inavoué de ce type de mesures : faire en sorte que la population se révolte. Or, cela ne fonctionne jamais. On l'a vu depuis des années en Iran, au Venezuela, à Cuba, en Corée du Nord et désormais en Afghanistan. En Russie, les quelques manifestations minoritaires ont été brutalement réprimées par des milliers d'arrestations.
Surtout, il ne faut pas sous-estimer l'immense soutien dont bénéficie Vladimir Poutine depuis plus de vingt ans en Russie. L'ancien lieutenant colonel du KGB a été élu et réélu président quatre fois depuis l'an 2000, toujours dès le premier tour. À chaque fois, son score allait jusqu'à 71%, sans même avoir besoin de bourrer les urnes. Il s'agit donc d'un choix constant et obstiné des électeurs russe, malgré toutes les dérives d'un régime qui les conduit aujourd'hui à la guerre.
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