Guerre en Ukraine : le retour du duel diplomatique entre les États-Unis et la Russie
D'un côté Washington soutient militairement son allié ukrainien et de l'autre Moscou brandit la menace nucléaire. Mais à la différence de la guerre froide, cette tension géopolitique ne se traduit pas par l'affrontement entre deux blocs distincts Est-Ouest.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, Joe Biden multiplie les propos incendiaires à l'encontre de Vladimir Poutine. Le 17 mars dernier, le président des États-Unis déclarait ainsi : "Des pays démocratiques font bloc, face à un dictateur meurtrier, un pur voyou qui impose sa guerre au peuple d'Ukraine. Et Poutine paie très cher son agression". Il récidive à plusieurs reprises, accusant Vladimir Poutine de génocide, et affirmant qu'il ne doit pas rester au pouvoir. Joe Biden prétend que Washington n'attaque pas Moscou, tout en donnant un coup d'accélérateur à ses livraisons d'équipements militaires à l'Ukraine, et forme ouvertement des soldats ukrainiens.
"On n'est pas dans un retour de la guerre froide"
De son coté, le président russe fait de l'intimidation et brandit le risque nucléaire. La menace russe remplace ainsi la menace de l'URSS : "Si quelqu'un a l'intention de s'ingérer de l'extérieur dans ce qui se passe et de créer des menaces inacceptables pour la Russie, ils doivent savoir que notre riposte sera rapide et foudroyante." Malgré ces multiples clignotants, la politologue Alexandra de de Hoop Scheffer, spécialiste des enjeux géopolitiques et de la relation transatlantique, ne voit pas en 2022 une nouvelle guerre froide : "Nous avons des interdépendances mutuelles, on l'a vu avec l'Europe par rapport au gaz, au pétrole russe, mais aussi parce que la Russie est dépendante des technologies occidentales. Donc rien que pour ça, on n'est pas dans un retour de la guerre froide."
"D'un point de vue géopolitique, on voit qu'il y a un certain nombre de pays dans le monde qui ne souhaitent pas s'aligner ni avec les États-Unis, ni totalement avec la Russie."
Alexandra de Hoop Schefferà franceinfo
Ces États non-alignés, "balanciers", poursuit Alexandra de Hopp Scheffer, sont notamment "l'Inde, l'Indonésie et un certain nombre d'États africains, latino américains. Beaucoup de pays aussi de l'Asie du Sud-Est, qui dépendent notamment de l'armement russe et qui donc ne s'alignent ni totalement sur les Américains et les Européens d'un côté, ni totalement avec la Russie ou la Chine de l'autre. Donc on a un environnement géopolitique qui est beaucoup plus complexe qu'un slogan "West against the rest", l'Occident contre le reste."
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