Grève générale annoncée en Espagne contre la flambée des prix
C’est l’une des conséquences de la guerre en Ukraine : l’inflation et en particulier la hausse des prix du carburant. En Espagne, la grogne monte sur le sujet. Avec un appel à la manifestation et à la grève générale, appel lancé par les principaux syndicats du pays pour ce mercredi 23 mars.
La quasi-totalité des syndicats incitent en Espagne à cesser le travail mercredi 23 mars, notamment les grandes centrales (l’Union générale des travailleurs, les Commissions ouvrières CCOO). Une grande manifestation est annoncée dans les rues de Madrid. Le sujet central de revendication est la hausse des prix, en particulier sur les biens de consommation courante. En Espagne, l’inflation approche les 8% sur un an et ne cesse de grimper. Les 10% pourraient être atteints dans les prochaines semaines. C’est un record depuis 35 ans. Les prix de l’énergie s’envolent : +70%. Les factures d’électricité ou de gaz et les prix du carburant à la pompe sont les plus touchés. Les produits alimentaires sont également concernés dans une moindre mesure : la farine, le lait, l’eau minérale. Près de 5% de hausse. L’huile de tournesol, très utilisée en Espagne, vient à manquer dans certains supermarchés. Et là l’explication est toute trouvée : 70% de l’huile de tournesol consommée en Espagne provient d’Ukraine ! Toutes les livraisons sont à l’arrêt.
Chauffeurs routiers et agriculteurs en première ligne
Les agriculteurs et les chauffeurs routiers sont particulièrement remontés. Les agriculteurs ont déjà manifesté dimanche 20 mars à Madrid. Ils étaient 150 000 dans les rues à l’appel d’une coordination baptisée Alliance rurale. Les revendications étaient multiples. Il s’agissait aussi de protester contre la désertification rurale ou les limitations de l’élevage des chiens de chasse. Mais le thème principal, c’était déjà la hausse des prix, des carburants et aussi des fertilisants. Quant aux transporteurs routiers, ils ont initié un mouvement de grève dès le lundi 14 mars. Au début, ils étaient simplement quelques centaines, mais la mobilisation a fait tache d’huile et elle touche à présent des milliers, peut-être des dizaines de milliers de chauffeurs routiers. Là encore, c’est le prix du carburant qui constitue le cœur de la contestation. Et ce mouvement a des effets en chaine sur l’approvisionnement des supermarchés et des grandes surfaces, qui ne sont plus livrés. Il commence donc à y avoir, ici ou là, des étals vides aux rayons fruits et légumes ou produits frais.
Le gouvernement Sanchez embarrassé
La situation commence à devenir embarrassante pour le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez; il est évidemment montré du doigt, d’autant que la hausse des prix a commencé avant la guerre en Ukraine. Le conflit a simplement accéléré le phénomène. L’opposition, l’extrême droite en particulier, essaie d’exploiter la situation : elle a défilé elle aussi dans les rues, samedi 19 mars. Le gouvernement Sanchez doit présenter un plan d’aide le 29 mars. Il pourrait s’inspirer de la décision prise en France d’accorder une remise de 15 centimes par litre de carburant à compter du 1er avril. Mais ce que cherche surtout le gouvernement espagnol, c’est de convaincre ses partenaires européens de la nécessité de découpler les prix de l’électricité de ceux du gaz. Pour enrayer cette flambée du coût de l’énergie. Ce sera l’un des sujets du Sommet européen prévu jeudi 24 et vendredi 25 à Bruxelles.
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