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Entre la Turquie et les États-Unis, derrière la solidarité, une relation relation tumultueuse et compliquée

Le chef de la diplomatie américaine, Anthony Blinken, se rend dimanche en Turquie, après avoir participé à la conférence de Munich sur la sécurité. Une visite pour faire le point sur l'aide de Washington après le séisme qui a frappé l'est du pays, mais pas seulement.
Article rédigé par franceinfo
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Le secrétaire d'État américain Antony Blinken lors d'une conférence de presse avec le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, le 8 février 2023. (JIM WATSON / AFP)

Ce déplacement d'Anthony Blinken avait été calé avant le tremblement de terre du 6 février dernier. C'est la première visite en Turquie du patron de la diplomatie américaine depuis sa prise de fonction il y a deux ans. Entre Washington et Ankara, la relation est tumultueuse et compliquée. La Turquie est certes un allié des États-Unis depuis les années 50 et la période de la guerre froide. Mais ces derniers temps, il y a beaucoup de facteurs irritants entre les deux pays. 

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Dans ce contexte parfois houleux, la visite d'Anthony Blinken aura évidemment une coloration humanitaire. Le Secrétaire d’État viendra exprimer sa solidarité avec la Turquie. Il se rendra sur la base aérienne d'Incirlik dans le sud-est du pays d'où part une partie de l'assistance aux sinistrés. Les États-Unis ont déployé environ 200 personnels de secours et ont débloqué une première tranche de 85 millions de dollars d'aide d'urgence. Des hélicoptères Black Hawk et Chinook ont également été mobilisés pour faire des rotations vers les zones du séisme.

Les dossiers qui fâchent

Entre la Turquie de Recep Tayyip Erdogan et l’Amérique de Joe Biden, les dossiers qui fâchent se sont empilés. Il y a d'abord la vente d'avions de chasse F-16 promis par le président américain à la Turquie, mais qui fait l'objet d'une opposition au Congrès en raison de la dégradation de la situation des droits de l'homme. Le dossier est gelé pour le moment.

Dans le contexte de guerre en Ukraine, il y a aussi le blocage turc concernant l'entrée de la Finlande et de la Suède dans l'OTAN. Ankara exige non seulement de ces deux pays qu'ils cessent d'accueillir des militants Kurdes, proches ou non du PKK, mais qu'ils les expulsent vers la Turquie. Là encore, le bras de fer continue. Enfin, Washington voit d'un très mauvais œil l’actuel rapprochement entre la Turquie et la Syrie de Bachar Al-Assad, qui plus est, sous l'égide de Vladimir Poutine. Les ministres syriens et turcs de la Défense se sont rencontrés fin décembre à Moscou. C'était la première entrevue publique à ce niveau entre Ankara et Damas depuis le déclenchement de la guerre civile en Syrie, en 2011. Résultat : une rencontre entre Erdogan et Assad, qui a longtemps paru inimaginable, est aujourd'hui envisageable, avec l'idée sous-jacente d’un deal entre Syriens et Turcs sur le dos des Kurdes, qui contrôlent l'est syrien. 

Cette évolution inquiète les Américains qui disposent encore de forces spéciales aux côtés des Peshmergas, gardiens des camps de prisonniers où sont détenus des milliers de combattants de Daech. Autant dire que les sujets de discussion ne manqueront pas pour Anthony Blinken, qui pourrait rencontrer le président Erdogan à Ankara lors de sa visite en Turquie.

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