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En Algérie, la campagne électorale sur la révision constitutionnelle débute sur fond de contestation sociale

Les États-Unis ne seront pas les seuls à voter début novembre. L’Algérie doit également se rendre aux urnes le 1er novembre pour un référendum constitutionnel controversé. La campagne officielle démarre ce mercredi.  

Article rédigé par franceinfo
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Le parlement a adopté la réforme constitutionnelle sur laquelle les électeurs algériens devront se prononcer le 1er novembre 2020. (RYAD KRAMDI / AFP)

Si l’on en croit le pouvoir en place, la nouvelle constitution sur laquelle les électeurs algériens devront se prononcer le 1er novembre est une cure de jouvence, la naissance d’une "Nouvelle République", où vont "régner la justice et la répartition équitable des richesses". Cette révision a été voulue par le nouveau président algérien Abdelmajid Tebboune. C’est lui qui a initié la réforme au début de l’année, en affirmant vouloir mettre fin au système Bouteflika, du nom de l’ancien président évincé du pouvoir. 

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La date retenue pour le vote ne doit rien au hasard : le 1er novembre, c’est le jour de commémoration du début de l’insurrection contre la présence coloniale française, en 1954. La campagne électorale, qui débute donc ce mercredi 7 octobre, s’annonce très particulière à plusieurs titres. Elle se déroule sous la menace de l’épidémie de Covid-19, qui a fait officiellement près de 1 800 morts en Algérie. Le contenu exact de la nouvelle constitution reste flou: la réforme a d’ailleurs été adoptée au parlement sans débat il y a un mois. Et rares sont ceux, parmi les 41 millions d’Algériens, qui connaissent la nature exacte de la réforme. Seuls les mouvements politiques appelant à voter ont droit au chapitre, impossible de faire campagne pour l’abstention. Et le tout se déroule sur fond de contestation sociale persistante et de chômage croissant.  

Interdiction de faire campagne pour le boycott du scrutin

L’opposition au projet se divise elle-même en deux camps. Il y a d’abord ceux qui font campagne pour le "non". Ce sont essentiellement les islamistes du MSP (Mouvement de la société pour la paix), qui comptent 34 députés au parlement et se revendiquent du mouvement des Frères Musulmans. Ils dénoncent un projet "laïc" qui va "favoriser l’ingérence de l’État dans les mosquées".

De l’autre côté, il y a justement le camp laïc, notamment le PAD (Pacte pour l’alternative démocratique), qui tente de traduire politiquement les soulèvements populaires du Hirak qui agitent l’Algérie depuis un an et demi. Pour eux, cette révision constitutionnelle vise seulement à maintenir un régime hyper présidentiel, où le chef de l’État possède tous les leviers du pouvoir, notamment sur la justice, une sorte de "constitution Tebboune" après la "constitution Bouteflika". Les militants du PAD appellent à boycotter le scrutin. Mais comme ils rejettent le principe du référendum, ils ne sont donc pas autorisés à mener campagne.  

Le retour des manifestants malgré les interdictions

Pendant ce temps, la contestation sociale réapparaît. Lundi 5 octobre, pour la première fois depuis plusieurs mois (en gros depuis les interdictions de rassemblement en raison du coronavirus), plusieurs manifestations ont eu lieu dans le pays : à Alger, à Bejaïa en Kabylie, à Annaba ou à Constantine. À chaque fois, quelques centaines de personnes se décident à braver l’interdiction de manifester, et crient des slogans du type "État civil, pas militaire". Les forces de l’ordre ont rapidement dispersé ces rassemblements, en procédant à quelques arrestations au passage. Mais le fait est là : le mécontentement est toujours présent, il est juste rendu silencieux par la répression et les mesures de confinement. L’Algérie fait d’ailleurs partie d’une liste de 38 pays montrés du doigt par l’ONU pour avoir utilisé l’épidémie à des fins de restriction des libertés publiques.      

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