Coupes budgétaires : l'aide publique au développement de la France réduite de 800 millions d'euros

Le gouvernement a annoncé 800 millions d'euros d'économies sur les aides publiques au développement. Un coup de rabot sur la solidarité internationale de la France.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Une manifestation au Mali, le 1er janvier 2024, contre la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) (HADAMA DIAKITE / EPA)

Les pays concernés par ces économies ainsi que les proportions n'ont pas encore été définis, mais la somme globale annoncée par le gouvernement français est considérable. 800 millions d'euros, a minima, 10% de l'ensemble des aides que choisit d'attribuer la France chaque année. Il faut savoir qu'une grande partie du budget total de l'aide publique au développement est incompressible, soit parce qu'elle relève du fonctionnement des ministères chargés de distribuer cette aide, soit parce que la France a des engagements fermes et contraignants, sur lesquels elle ne peut pas revenir.

Cependant, avec cette annonce, la France revient sur sa promesse de maintenir son aide aux pays en développement, et même de l'augmenter, puisque la loi de programmation de 2021 prévoyait une hausse progressive de l'aide au développement de 5 milliards d'euros d'ici deux ans. La France a même organisé en juin 2023, un sommet ambitieux pour un nouveau pacte financier et un plan de bataille mondial pour réduire la pauvreté et lutter contre le changement climatique. Tout cela semble aujourd'hui assez incohérent, aux yeux de Louis-Nicolas Jandeaux, porte-parole de l'ONG Oxfam. "Il y a un enjeu de crédibilité au niveau international, qui est terrible. L'initiateur même du sommet est en train de reculer sur tous ses engagements diplomatiques, détaille-t-il. Cette coupe, elle va avoir un impact dans les semaines et les mois à venir, dans les discussions aux Nations unies, au G20, c'est un signal très négatif."

L'Afrique particulièrement concernée

Deux pistes d'économies sont envisagées par le ministère des Finances. D'une part, les dons bilatéraux alloués jusqu'ici, par exemple au pays du Sahel, en priorité, le Niger, le Mali et le Burkina Faso. Ces trois nations ont récemment été renversées par des coups d'État militaires et sont considérées comme "incompatibles" diplomatiquement avec la politique étrangère française. En 2021, ils ont reçu autour de 300 millions d'euros d'aide en provenance de la France.

Le deuxième budget ciblé, confirmé par le gouvernement, est celui de l'argent destiné aux mécanismes humanitaires de l'ONU, pour soutenir l'éducation, la santé ou éviter les famines dans des zones touchées par des crises. Ce budget concerne également des fonds d'urgence pour aider par exemple, la Turquie et la Syrie, après le tremblement de terre de 2023, la corne de l'Afrique, touchée depuis 5 ans, par la sécheresse, ou encore le Soudan, dévasté par un conflit interne. Le Soudan, pour lequel la France organisera, en avril 2024, une conférence internationale, destinée à récolter des fonds humanitaires.

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