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Coupe du monde de rugby : les Springboks, une histoire liée à l'arpatheid en Afrique du Sud

Samedi 23 septembre, l'Afrique du Sud affronte l'Irlande. Les Sud-Africains, champions du monde en titre, sont redoutés. Leur parcours est intimement lié à l'histoire politique de leur pays.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Siya Kolisi, capitaine des Springboks, avec des supporters de l'Afrique du Sud après la victoire sur la Nouvelle-Zélande, le 25 août 2023. (ADRIAN DENNIS / AFP)

Le rugby sud-africain a longtemps incarné la suprématie blanche de l’apartheid, jusqu’à ce 24 juin 1995, le premier des trois titres mondiaux remportés par les Springboks, décrochée par 14 joueurs blancs et un joueur noir, l’ailier Chester Williams. Une victoire cruciale et avant tout politique, exigée à l’époque par Nelson Mandela pour symboliser la fin de la ségrégation raciale. Une mission que les rugbymen sud-africains portent fièrement tout autant qu’ils la traînent comme un fardeau.

Le titre de 1995 n’a rien changé, hormis le symbole. Il a fallu près de vingt ans au pays pour obtenir un collectif reflétant le visage d’une nation unifiée, briser le racisme systémique de la société sud-africaine qui rendait inaccessible l’élite du rugby à la population noire des townships. Ces quartiers pauvres où a grandi Siya Kolisi, capitaine noir des Springboks depuis cinq ans, avant d’obtenir une bourse pour intégrer la prestigieuse Grey High School à Port Elizabeth. "Venant d’un township, n’ayant pas grand-chose, entrer à Grey, c'est voir votre rêve commencer à se réaliser. Car il y a beaucoup, là-bas. Ils vous donnent toutes les armes pour devenir celui que vous voulez devenir. Donc j’ai commencé à voir grand", confie Siya Kolisi.

La présence de joueurs noirs devenue naturelle

Dans les années 2000, il est impossible de "voir grand" sans étudier dans les meilleures écoles. Elles sont le seul endroit où l’on joue au rugby sans imposer de quotas, pour bousculer la mentalité raciste des Afrikaners qui gardent la main sur les institutions du rugby, précieux héritage de l’époque coloniale.

Imposer des quotas pour parvenir à la parité d’aujourd’hui entre noirs et blancs était sans doute nécessaire dans un milieu aussi conservateur que celui du rugby. Mais il a fallu aller au-delà, définir d’autres règles, bâtir un autre système, celui que l’ancien pilier de Biarritz Eduard Coetzee décrit dans sa thèse sur les méthodes de transformation dans le rugby. Un système qu’il a mis en place dans son club des Sharks de Durban. "Si l’implication est au centre de votre organisation (…) votre satisfaction dure bien plus longtemps qu'une simple victoire dans un match. Nous allons régulièrement dans les townships mais nous y allons ensemble. Pas uniquement avec des joueurs blancs. On y va avec des joueurs qui viennent de ces townships. Et si ce modèle catalyse l'attention dans votre ville, alors vous pouvez changer durablement les choses", explique Eduard Coetzee. Durablement au point que la présence de joueurs noirs dans l’équipe sud-africaine devienne naturelle. Et que la présence sur le terrain des Kolisi, Arendse, Kolbe, Willemse devienne incontestable.

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