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Bombardement orbital : bientôt des bombes atomiques lancées depuis l'espace ?

Toute la semaine, "Un Monde d'avance" s'intéresse aux guerres et aux armes de demain, avec un coup de projecteur, mercredi, sur le bombardement orbital, oublié après la guerre froide et qui fait son retour sur la scène mondiale.
Article rédigé par franceinfo, Eric Biegala
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Vue de la terre depuis l'espace. (YUICHIRO CHINO / MOMENT RF)

On croyait le procédé rangé dans les placards de la guerre froide mais il fait son retour sur la scène mondiale : le bombardement orbital. C’était la grande crainte des Américains dans les années 1950 et 1960 : que l'URSS arrive à mettre des bombes atomiques en orbite, pour les lâcher où bon lui semble sur la planète, en particulier sur le territoire américain.

À l’époque les Soviétiques avaient en effet lancé un programme de ce type, mais il fut finalement abandonné, les deux super puissances s'accordant sur ce qu'on avait appelé un '"équilibre de la terreur" reposant sur une logique un peu folle : la destruction mutuelle assurée, aucun des deux adversaires ne disposant d'un avantage décisif. Un traité de l'espace a même été signé en 1967, interdisant toute mise en orbite d'armes de destruction massive...

La Chine a une longueur d’avance

Sauf qu'il y a deux ans, à l'été 2021 la Chine a testé, avec succès, un système de ce genre. Un lanceur chinois a ainsi propulsé vers une orbite basse un engin qui a parcouru 40 000 km (c’est-à-dire le tour de la Terre) pour larguer in fine, non pas un missile, mais un planeur hypersonique, potentiellement porteur d'une bombe atomique et qui n'a manqué sa cible - en Chine, une cible d'exercice - que de quelques kilomètres seulement.

Potentiellement cela veut dire que la Chine est aujourd'hui capable d'envoyer une ogive nucléaire sur n'importe quel point du globe... Le fait que le vecteur soit non pas un véhicule de rentrée dans l'atmosphère classique mais un planeur ultrarapide et manœuvrant rend toute interception assez illusoire. En résumé, les Chinois disposent dorénavant d'un avantage décisif.

La course aux armements est relancée

Ce système de bombardement "orbital" pourrait-il relancer la "course aux armements" connue pendant la guerre froide ? Manifestement c'est déjà le cas : les Etats-Unis ont lancé, quasi immédiatement, un programme de constellation de satellite de surveillance en orbite basse lesquels devraient être capables de repérer tout lancement de vecteur potentiellement capable d'un bombardement orbital, de suivre ces vecteurs ultrarapides en permanence et en tout point et de coordonner une réponse d'interception pour les empêcher de frapper leurs .

Et ce n'est pas un "petit" programme : en 2022, 1,3 milliard de dollars ont été décaissés pour une première commande de 28 satellites d'alerte, lesquels devraient être livrés et déployés en 2025. A terme, la constellation de veille satellitaire américaine devrait compter près de 300 engins de surveillance, en orbite basse et en orbite moyenne, pour repérer et suivre tout lancement suspect.

Quant à intercepter les vecteurs un bombardement orbital, aucun programme n'a pour le moment été annoncé publiquement mais il y a fort à parier que les ingénieurs de la Darpa, l'agence de recherche du Pentagone, et ceux des principaux avionneurs américains travaillent d'arrache-pied à la conception d'un nouvel intercepteur.

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