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D’où vient l’expression «guerre froide» ?

«Guerre froide»… L’expression refait la Une de l’actualité avec l’évolution de la tension entre la Russie et l’Ukraine. Elle a longtemps défini les relations entre l’Est et l’Ouest après la Seconde guerre mondiale et le partage du monde à Yalta, en Crimée.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Churchill, Roosevelt et Staline à Yalta (Crimée), en février 1945. (COLL-DITE)

«L'Occident face au spectre d'une seconde guerre froide», titre Le Figaro, «Le retour de la guerre froide», affirme Jean-Marie Colombani, «Un parfum de guerre froide», renchérit Sud Ouest… Dès qu’on évoque une tension avec la Russie, le terme, qui a été popularisé après la Seconde guerre mondiale, refait florès.

L'expression «guerre froide» aurait été employée pour la première fois par le prince Juan Manuel d'Espagne, au XIVe siècle, pour désigner l'interminable conflit qui opposait alors les rois catholiques aux Maures d'Andalousie, selon l’encyclopédie Universalis.
 
Mais de façon plus moderne, l’encyclopédie réserve en général, «à la suite du financier américain Bernard Baruch et du grand journaliste Walter Lippmann, le nom de guerre froide à la longue épreuve de force qui s'est engagée entre les Etats-Unis et l'Union Soviétique après la dissolution, au lendemain de la capitulation du Reich, de la coalition anti-hitlérienne».

D’autres sources attribuent l’expression à l’écrivain anglais George Orwell, l’auteur de 1984 écrit en 1948, militant de gauche opposé à Staline, qui aurait utilisé l’expression en 1945. 

Quel qu’en soit l’auteur, l’expression a défini la tension permanente qui a opposé l’URSS et les Etats-Unis, après la Seconde guerre mondiale… «Guerre froide» fleure bon les années 60, les films d'espionnage en noir et blanc, John Le Carré, les débats idéologiques entre capitalisme et socialisme... Elle est porteuse d'autres expressions comme «le rideau de fer», attribuée à Churchill pour résumer la division de l'Europe.

Guerre froide mais points chauds
Cette guerre n'a jamais véritablement débouché sur un affrontement direct. Une absence de guerre chaude notamment due à l’équilibre de la terreur (course aux armements). Si la guerre est restée «froide» entre Moscou et Washington, elle est cependant souvent devenue chaude sur d’autres points de la planète : de la guerre de Corée à la guerre du Vietnam.
 
Outre ces deux guerres, l’histoire de cette période, qui dura jusqu’à la chute de l’URSS, connut de nombreux points chauds, comme le blocus de Berlin, la construction du Mur, la crise des fusées à Cuba, la répression en Hongrie ou en Tchécoslovaquie, des coups d'Etat en Grèce ou en Indonésie, sans parler de l’Afghanistan où les Etats-Unis soutinrent alors les islamistes contre Moscou…
 
Elle se manifesta sur tous les fronts, idéologiques, culturels, scientifiques (conquête de l'espace), sportifs (jeux olympiques)…

Certains pays relativent
Aujourd'hui, l'opposition Est-Ouest est loin d'être idéologique, le libéralisme triomphant partout (et peut être encore plus à l'Est qu'à l'Ouest). Pour preuve, la monnaie russe et la bourse de Moscou paient l'actuelle crise, comme les bourses occidentales. Pourtant, Jean-Marie Colombani, l'ex-directeur du Monde, voit dans la crise ukrainienne «le plus grave défi qu’aient eu à affronter l’Union européenne et les Etats-Unis depuis la chute du mur de Berlin. Vladimir Poutine se comporte comme ses prédécesseurs soviétiques.»

Le retour du vocabulaire belliciste des années 50-60 rend la Chine phliosophe : «Se débarrasser des chaînes de la mentalité guerre froide réduira les confrontations inutiles, permettant de ce fait une transition plus en douceur des relations internationales», écrit le Quotidien du peuple qui, jouant les sages, ajoute «les théories liées à la politique, à l'économie et à la sécurité durant la Guerre froide influencent encore beaucoup de gens dans leur conception du monde. Et certaines personnes en Occident sont encore pleines de ressentiment envers la Russie».

 
Dans un autre style, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, relativisait aussi : «Nous ne croyons pas que ce soit une affaire entre l'Est et l'Ouest, entre la Russie et les Etats-Unis. Ce n'est pas Rocky IV». Un film américain, bien sûr.
 

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