Ballons espions : allons-nous vers une guerre à très haute altitude ?

Toute la semaine, "Un Monde d'avance" s'intéresse aux guerres et aux armes de demain, avec un coup de projecteur, mardi, sur les affrontements à haute altitude. Une zone qui était jusque-là à peu près épargnée.
Article rédigé par franceinfo, Eric Biegala
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un ballon-espion chinois repéré dans le ciel au-dessus de la ville de Charlotte (Caroline du Nord), aux États-Unis, le 4 février 2023. (PETER ZAY / ANADOLU AGENCY)

Par "très hautes altitudes", on entend généralement 20 kilomètres et au-dessus. La plupart des aéronefs volent bien en-dessous : entre 10 et 12 kilomètres pour les avions de ligne. Dans cette haute zone, stratosphérique, les déplacements aériens sont peu et mal surveillés depuis le sol, et les appareils qui l'empruntent n'ont pas à demander d'autorisation ni à déposer de plan de vol pour transiter au-dessus des pays survolés. Raison pour laquelle les avions espions américains de la guerre froide, les U2 ou SR 71 naviguaient à ces altitudes (autour de 23 kilomètres pour le U2, qui d'ailleurs est toujours en service).

>> Cinq questions sur la destruction du "ballon espion" chinois, qui ravive les tensions entre Pékin et Washington

Mais les aéronefs qui circulent à ces très hautes altitudes sont de plus en plus des ballons. Celui qui a été repéré fin janvier au-dessus du Montana et qui a défrayé la chronique pendant dix jours faisait environ 60 mètres de diamètre. Sa nacelle, de la taille de deux à trois autobus, était bardée de senseurs, des instruments d'optique, d'imagerie radar et d'émetteurs. Il s'agissait alors d'un ballon espion chinois.

Pékin a en effet mis en œuvre, depuis au moins 2020, tout un programme de renseignement utilisant ces aérostats et les emploie régulièrement au-dessus des États-Unis, mais aussi pour surveiller Taïwan ou la Corée. L'un de ces ballons chinois a même été repéré suivant de près les évolutions d'un groupe aéronaval américain, en pleine mer.

Des ballons américains, russes, français...

Les États-Unis emploient déjà des ballons pour surveiller les champs de bataille. Ils volaient même en permanence au-dessus de l'Afghanistan dans les années 2010-2012, mais à des altitudes moindres. La Russie a également envoyé des ballons au-dessus de Kiev dernièrement, principalement des leurres pour épuiser les défenses sol-air de l'armée ukrainienne.

La France a également dans les cartons deux projets de ballons stratosphériques, le Ballman de la société Hemeria et le Stratobus conçu par Thales. Leurs premiers essais en vol sont prévus pour 2025. Et tout le monde risque de s'y mettre. Un ballon et ces senseurs peuvent rendre quasiment les mêmes services qu'un satellite espion pour une fraction du prix de ce dernier. À commencer par le lancement, quasi gratuit pour un ballon, contre plusieurs millions pour un satellite.

Des engins plus difficiles à détecter

Autre intérêt du ballon : il est difficile de le repérer, les radars de surveillance ne sont souvent pas calibrés pour ce faire. Le général commandant la défense nord-américaine le reconnaissait après le passage du ballon Chinois : il y a "des trous dans notre domaine de surveillance", admettait-il.

D'ailleurs, lorsqu'après le passage du ballon espion de Pékin la défense américaine décidait de recalibrer ses radars pour pouvoir suivre ces objets se déplaçant à vitesse réduite, on découvrait immédiatement trois autres ballons au-dessus du territoire américain. Ordre était donné de les abattre immédiatement, ce qui fut fait. Mais il s'agissait de simples ballons-sondes météo ou de ballons d'essai d'entreprises privées américaines. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.