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Au Yémen, un vaste échange de prisonniers fait espérer le retour de la paix après neuf ans de guerre

Un espoir de paix dans un pays en guerre, c’est rare. C’est le cas aujourd’hui au sud de la péninsule arabique, au Yémen, ce pays ravagé par presque neuf ans de guerre et touché par la pire crise humanitaire au monde. Un conflit resté trop souvent sous les radars des médias.
Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des combattants Houthis libérés arrivent à l'aéroport de Sanaa (Yémen) le 14 avril 2023 (MOHAMMED HUWAIS / AFP)

Cet espoir s’incarne dans l’image de deux avions, le 14 avril à la mi-journée. Deux avions qui se sont posés, respectivement à Sanaa, la capitale contrôlée par les rebelles Houthis au nord et à Aden, au sud, siège du gouvernement légitime yéménite. Dans les deux appareils, des prisonniers libérés par chacun des deux camps, et sur les deux tarmacs, des émotions palpables pour ces hommes qui vont pouvoir retrouver leurs proches, après parfois des années de séparation. Et le tout alors qu’approche la fin du Ramadan.

Au total, 887 prisonniers doivent être échangés les 14 et 15 avril. Sous l’égide du Comité international de la Croix Rouge et après une médiation du Sultanat d’Oman, un médiateur habituel dans la région. C’est le plus important échange de prisonniers depuis trois ans dans ce pays de 29 millions d’habitants, qui vivent sur un territoire grand comme la France. Et cet échange est le prélude à d’autres avancées : une reprise imminente des vols dans les deux aéroports, la fin du blocus des ports, le rétablissement de la paie des fonctionnaires. L’espoir est réel que les armes se taisent, dans ce conflit qui a fait 400 000 morts et 16 millions de déplacés, plus de la moitié de la population. 

Une conséquence du rapprochement entre Iran et Arabie saoudite

 

C’est un effet en chaîne de la réconciliation des deux grandes puissances régionales, l’Arabie saoudite et l’Iran parce que la guerre au Yémen n’est pas seulement la conséquence de conflits internes au pays. Elle est aussi une guerre par procuration depuis 2015, entre l’Iran chiite, qui soutient discrètement les rebelles houthis parce qu’ils appartiennent à une branche du chiisme et l’Arabie saoudite sunnite, qui appuie militairement de façon massive le gouvernement officiellement reconnu du Yémen.

Or les deux pays viennent de sceller leur rapprochement. Sous parrainage chinois à Pékin, il y a 10 jours. Ils sont en train de rétablir leurs relations diplomatiques, de préparer la réouverture de leurs ambassades respectives. Le président iranien Ebrahim Raissi est attendu à Ryad, la capitale saoudienne, dès la fin du Ramadan.

Cette réconciliation ouvre la porte à la paix au Yémen. L'Arabie saoudite en particulier est désireuse de mettre fin à ce conflit où elle s’est embourbée. Et le dimanche 9 avril, l’ambassadeur saoudien Mohammed al Jaber est allé rencontrer à Sanaa les dirigeants houthis. Une scène inimaginable il y a peu puisque l’Arabie Saoudite avait mis à prix la tête de ces responsables houthis. La portée symbolique de cette rencontre, devant les caméras, est donc considérable.

 

L'hypothèse d'une transition politique pendant deux ans

 

Avant que la paix ne s'installe, il reste de nombreux obstacles. L’Iran et l’Arabie saoudite ne contrôlent pas tout. Les groupes yéménites ont leur autonomie et leurs rivalités propres. Certains, par exemple des groupes djihadistes au sud, échappent à toute influence. Et puis la situation humanitaire demeure dramatique, d’autant que les aides des donateurs étrangers restent insuffisantes. Au moins huit millions de personnes ont besoin d’aide alimentaire.

Mais désormais il y a un espoir. D’autres échanges de prisonniers devraient suivre. Et des négociations plus officielles devraient s’enclencher, autour du principe d’une transition politique pendant les deux prochaines années. C’était inespéré il y a encore quelques semaines.

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