Au Danemark, la principale banque soupçonnée d’avoir contribué à du blanchiment d’argent sale
C'est peut-être le plus grand scandale bancaire de toute l'histoire de l'Europe. Et pour la première fois le lanceur d'alerte qui a dévoilé l'affaire, parle au grand jour. Au-delà du Danemark, plusieurs grandes banques occidentales pourraient être éclaboussées.
En France, tous les regards sont braqués sur les soupçons de fraude fiscale qui pèsent sur Carlos Ghosn. Mais ce qui se passe au Danemark est d’une toute autre ampleur : la principale banque du pays, la Danske Bank, est soupçonnée d’avoir contribué à du blanchiment d’argent sale à hauteur de 200 milliards d’euros ! C’est une somme colossale, potentiellement le plus grand scandale bancaire de toute l’histoire de l’Europe. Pour vous donner un ordre d’idée, 200 milliards, c’est presque le montant de l’ensemble des recettes fiscales de tout le budget de l’État en France. C’est 5 000 fois la somme que Carlos Ghosn est soupçonné d’avoir dissimulé au fisc japonais.
Le lanceur d'alerte parle
Et l’homme qui a dévoilé toute cette affaire, parle enfin. Il s’appelle Harold Wilkinson, il a dirigé les activités de trading de la Dankse Bank pendant de longues années. Avant de se transformer en lanceur d’alerte. Et pour la première fois, il s’est exprimé publiquement mardi 20 novembre devant le Parlement danois. Il parlera à nouveau jeudi devant le Parlement européen. Que dit-il ? Que de 2007 à 2015, une filiale de la Danske Bank, en Estonie, a donc vu transiter 200 milliards d’argent louche. Ces sommes semblent être venues de Russie, on parle même de proches de Vladimir Poutine. Et cet argent pourrait avoir été blanchi via des centaines de comptes suspects, avant d’être rebasculé dans le circuit financier classique, via des banques occidentales.
Le long silence des autorités bancaires
Toute la question c'est de savoir pourquoi on ne le découvre que maintenant. Howard Wilkinson affirme avoir commencé à alerter ses supérieurs au sein de la banque il y a huit ans. Un premier audit interne aurait alors confirmé ses dires. Mais rien n’a suivi. L’État danois, qui avait pourtant un droit de regard puisqu’il avait renfloué la Danske Bank en 2009, n’a rien dit. Et les autorités de régulation bancaire ne se sont pas saisies du sujet, ni au Danemark, ni en Europe. Les enquêtes n’ont véritablement débuté que l’an dernier, après des articles de presse au Danemark. Et la Danske Bank a même essayé d’acheter le silence du lanceur d’alerte. Sans succès. Aujourd’hui, la banque plonge. Plusieurs dizaines de milliers de clients ont fermé leur compte, le directeur général a démissionné.
La Deutsche Bank soupçonnée
Mais l’affaire ne s’arrête pas aux frontières du Danemark, elle est en train de grossir : des banques américaines et européennes pourraient être impliquées dans ce processus du blanchiment. Ça aussi, Howard Wilkinson, le lanceur d’alerte, l’a confirmé mardi lors de son audition devant le Parlement danois. Il n’a pas cité de noms, mais trois très grandes banques sont dans le viseur des enquêteurs : l’allemande Deutsche Bank, et les américaines Bank of America et JP Morgan Chase. Et pour la première fois, aujourd’hui, Deutsche Bank a reconnu avoir été impliquée dans des transactions avec la fameuse filiale estonienne qui était la plaque tournante de l’affaire. Les enquêtes pourraient conduire à des amendes record. Mais de là à retrouver les 200 milliards d’euros, "faut pas rêver, dit Harold Wilkinson, depuis le temps ils se sont volatilisés dans la nature".
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