Cet article date de plus de cinq ans.

Transportez moi. Brexit : comment allons-nous nous déplacer jusqu’en Angleterre ?

L’actualité des transports cette semaine est liée au Brexit et aux conséquences que cela peut avoir aussi bien sur la circulation des biens et des personnes que sur l’industrie liée aux transports.

Article rédigé par franceinfo, Gérard Feldzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Manifestants portant des drapeaux européens près du Parlement britannique, le 10 avril 2019 (TOLGA AKMEN / AFP)

Après 46 ans d'appartenance à l'Union européenne les Britanniques quitteraient le marché unique et l'union douanière. Ils seraient alors soumis aux règles de l'organisation mondiale du commerce, l'OMC, avec des lourdeurs administratives dans les deux sens. Ce qui devrait freiner les échanges, au moins dans un premier temps, en particulier pour l’industrie du tourisme. Gwenaëlle Maret Delos est la directrice du bureau d'Atout France au Royaume-Uni, souligne que la France est actuellement la première destination court séjour pour les Britanniques. C’est un marché qui demeure indispensable à notre économie, et que quoi qu’il arrive il y aura une période de transition.

Un visa au-delà de 90 jours de séjour

Ce que l’on sait déjà pour l’instant c’est qu’un visa ne sera nécessaire que si le  séjour dépasse 90 jours. Cependant, les passagers risquent d’être touchés par ces changements éventuels. Geoffroy Bouvet, commandant de bord et président de l’association des navigants de l’aviation, ne manque pas de dire que pour un passager qui déciderait de voyager avec une compagnie anglaise, il se pourrait que cela devienne compliqué, voire impossible.

Un avion dans le ciel au dessus de l'aéroport de Charleroi Bruxelles (Belgique), le 21 décembre 2016.  (MAXPPP)

Un impact également sur l’industrie

Les ailes de l’Airbus par exemple se fabriquent en Angleterre, et Tom Enders, le patron en partance de l’entreprise, s’est dit inquiet pour les 14 000 emplois, et notamment pour les voilures des futurs avions à venir.

Le transport maritime est aussi touché, et notamment l’activité liée aux bateaux de pêche. C’est une préoccupation que semble partager Frédéric Cuvillier, ancien ministre des Transports, et aujourd'hui maire de Boulogne-sur-Mer qui est le premier port de pêche en France.

« Sur les 400 000 tonnes qui sont traitées, une importante partie transite, ou est d’origine britannique. »

Frédéric Cuvillier, maire de Boulogne-sur-Mer

Emerick Sharzan est secrétaire du syndicat des mareyeurs à Boulogne-sur-Mer, un métier d’une grande importance dans la vente du poisson, anciennement  appelé les marchands de marée. Il rappelle que ce métier sera extrêmement touché si le Brexit dur passe ; d’une part pour les produits qu’ils font venir du Royaume-Uni et également de la pêche qui est effectuée dans les eaux britanniques.

Si par malheur on devait en arriver là, c’est la moitié voire un tiers de nos entreprises qui vont y rester

Emerick Sharzan, secrétaire du syndicat des mareyeurs

Pour Stéphane Pinto, marin-pêcheur, vice-président du comité des pêches pour la région Hauts-de-France, c’est un peu le même combat. Les zones britanniques représentent 75% de leur temps de pêche, donc 75% du chiffre d’affaires des bateaux de pêche des Hauts-de-France. Et se retrouver dans une même zone géographique, pour Stéphane Pinto, cela s’assimilerait à une bataille navale géante.

Les délégations ont encore la possibilité de trouver une solution à Londres, la semaine prochaine. (MARCEL MOCHET / AFP)

Pour les routiers cela pourrait également devenir compliqué

Les files d’attentes, l’engorgement à l’entrée du tunnel sous la Manche, peuvent conduire au développement des compagnies maritimes qui ont déjà pris leurs dispositions. C’est le cas de Brittanny Ferries par exemple. Thierry Grumiaux, de la fédération nationale de transport routier pense que quoi qu’il arrive, le conducteur routier se retrouvera en première ligne. En cause certainement, la mauvaise préparation d’un certain nombre d’acteurs, comme les exportateurs, ou les représentants en douane enregistrée.

La séquence insolite : les premières liaisons transmanche

Voici quelques-unes des premières liaisons transmanche, des records établis sur toutes sortes de machines !  On fête cette année les 100 ans de la première liaison aérienne entre Paris et Londres qu’on appelait l’aérobus, et 10 ans plus tôt, Blériot réussissait la traversée de la Manche, ce qui lui a fait dire : "L'Angleterre désormais n’est plus une île".

Mais de tous temps, nous avons eu des traversées insolites : en cerf-volant, en soucoupe volante, en avion à pédale, en voiture amphibie, en kite surf, en tonneau ou même en tracteur flottant sur ses roues, l’agriculteur ayant même labouré un champ en signe de solidarité avec ses collègues britanniques, mais pour le Brexit, c’est une autre paire de manches !

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.