Le Saint-Gothard : un tunnel hors norme
Au
cœur des montagnes, à plus de 2.000 mètres sous les sommets du Massif du Saint-Gothard, en Suisse, la chaleur est presque étouffante malgré la climatisation.
Bientôt, les trains pourront traverser les Alpes en passant par le tunnel du
Saint-Gothard. Si l'ouverture de ce tunnel ferroviaire est envisagée en 2016, il
y a bien longtemps que le Saint-Gothard est devenu un passage stratégique. Dès
le XIXe siècle, un premier axe ferroviaire de 15 km de long est construit
pour traverser une partie du massif. Presque deux siècles plus tard, les
progrès techniques permettent à l'homme de construire le plus long tunnel
ferroviaire du monde réalisé sous les Alpes. Long de 57 kilomètres, et pouvant
être traversé par 300 trains chaque jour, ce nouveau tunnel est un véritable
challenge technologique.
Cette
nouvelle voie souterraine vise à limiter la pollution en fluidifiant l'axe
autoroutier sur le col. En effet, si les travaux titanesques nécessaires à la
construction de la ligne ferroviaire pourraient laisser sceptiques,
l'environnement est bien au cœur du projet. D'ailleurs, une partie du tunnel
est issue de matériau recyclé. Ainsi, le tunnelier, cette longue chenille de
plus de 400 mètres de long grignote lentement la roche et évacue les gravats
qui sont autant de déchets dont un quart est réutilisé : "Les
matériaux extraits de la montagne ont été recyclés comme charge à béton" explique
Nicolas Steinmann, ingénieur. En plus d'être une alternative permettant de
diminuer la pollution routière, cette ligne crée de nouvelles perspectives pour
le trafic ferroviaire à travers les Alpes.
L'objectif
de ce tunnel est d'augmenter ce que l'on appelle le "transport combiné"
qui consiste à embarquer des camions dans les trains. En Italie, cette
association de la route et du rail sur un même trajet permet d'éviter des
centaines de kilomètres en camion à travers la Suisse et c'est autant de
pollution et de nuisance en moins. Des milliers de tonnes de marchandises
venant d'Europe du Nord jusqu'en Italie et inversement ont un point en
commun : elles passent presque toutes par la Suisse. Le voyage s'effectue
alors par rail. Ainsi, les remorques et
leurs chargements sont embarqués tels quels sur le camion. "Ce container
vient d'Allemagne. En ce moment, nous chargeons et déchargeons une quinzaine de
trains par jour" précise Andrea Castino, directeur du terminal.
Le
tunnel du Saint-Gothard a pour objectif de renforcer ce mode de transport
écologique. En creusant des tunnels performants et en favorisant le fret
ferroviaire, la Suisse parvient à limiter la croissance du nombre de camions
sur ses routes. Bémol du Saint-Gothard ? Son coût. Sa construction s'élève
à plus de 6 milliards d'euros. Loin des "Bonnets rouges" français, la Suisse compte
donc appliquer une taxe poids lourds sur les routes afin de rembourser une
partie de la note.
Côté
français, le combiné ferroviaire reste peu développé : "La SNCF n'y
a pas accordé beaucoup d'importance. Les pouvoirs publics n'ont pas fait les
efforts nécessaires et les distances sont très courtes" justifie
Dominique Bussereau, député et ancien secrétaire d'Etat aux transports. Une
lacune qui n'empêche pas le pays de se lancer, lui aussi, dans des chantiers
pharaoniques. Parmi eux, la construction de la ligne à grande vitesse
permettant de relier Tours et Bordeaux en deux heures grâce à la LGV Atlantique.
Néanmoins,
la protection des espèces et la préservation des sites naturels font partie
intégrante du cahier des charges de ce chantier ferroviaire.
Retrouvez
le reportage complet en vidéo sur le site partenaire LCP, émission Transportez-moi .
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