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Des transports (publics) nommés désir

Près de 7 millions de personnes par an dans le monde décèdent prématurément du fait de l’exposition à la pollution de l’air (source OMS). Lors du salon européen de la mobilité qui vient de se tenir à Paris, il a beaucoup été question de l’engorgement des villes, et de solutions innovantes, notamment face à la pollution due à la circulation.
Article rédigé par Gérard Feldzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (© lax hwy)

Curitiba, invitée d’honneur du salon européen de la mobilité. Curitiba est l’un des sites brésiliens qui accueille actuellement la coupe du monde de football. Mais cette ville est surtout connue comme un modèle de déplacement urbain. Classée en 2009 au rang de 3e "smart city" par le magazine Forbes , elle a transformé son réseau de bus en un véritable métro de surface : 2.000 bus dont certains contiennent 270 passagers sillonnent les 1/000 km de lignes. Elle met en place également un "bicycle master plan " avec 300 km de pistes cyclables.

Mais la réalité rattrape peu à peu ses efforts, l’extension démographique s’accompagne d’un retour à la voiture avec son lot d’encombrement, alors que 70% des 3,2 millions d’habitants empruntait les transports en commun. Pour autant la mairie et ses représentants présents au salon n’ont pas dit leur dernier mot ! L’innovation et les expériences pourraient bien s’échanger à travers l’Atlantique Sud.

La France compte parmi les champions du monde , les opérateurs de transports publics : Transdev (7 milliards de chiffre d'affaire, 86.000 collaborateurs) , Keolis (5 milliards de chiffre d'affaire, 54.000 collaborateurs), Ratpdev (12.500 collaborateurs à travers le monde), entre autres, sont présents sur tous les continents. Mais partout ou les mégapoles se développent se pose le problème de l’accessibilité. C’est un enjeu mondial qui demande des innovations technologiques dans les matériels roulants, dans les gares et stations, dans les systèmes de contrôle pour faire en sorte que des métros, par exemple,  puissent se suivre à moins de 135 secondes sans risques de collision ! Sans compter les  logiciels de guidage capables de vous accompagner pour choisir le meilleur itinéraire ou le meilleur mode de transport en temps réel.

Jean Pierre Farandou, président de Keolis (un des leaders mondiaux du transport de voyageurs) et président du GIE transports publics,  organisateur du salon européen de la mobilité fait un constat sur le coût global des transports polluants incluant la voiture individuelle. Et cite quelques chiffres édifiants :

-  Les encombrements urbains sont responsables de 75% de la pollution.
-  On estime en France à 33 milliards d’euros la perte de temps et d’argent due aux embouteillages, 24 milliards pour le coût des accidents, 27 milliards pour le coût de la santé due à la pollution, sans compter l’entretien des routes dégradées par une circulation intense. Cela fait plus de 85 milliards d’euros chaque année qui partent en fumée !

Ecouter l'Interview complete de Jean-Pierre Farandou

Dans ce salon, toutes les marques de bus exposées rivalisent de confort, de silence et de respect de l’environnement. Ce qui veut dire : hybride ou mieux, 100%  électrique. Mais se pose le problème de la batterie et de son autonomie, d’où la recherche de solutions alternatives. Sylvie Moullet, directrice de la mobilité électrique à EDF, explique qu'un bus est là pour transporter des passagers, pas des batteries ! On cherche donc des batteries légères, mais rechargées en bout de ligne, capables de faire le circuit classique urbain.

Ainsi est né ELLISUP, un bus de chez Iveco , un prototype dont les moteurs électriques sont directement intégrés dans des roues, elles-mêmes développées par Michelin, avec à la clé, un gain de place pour les passagers.

En attendant ces nouvelles technologies , la plupart des bus proposés aujourd'hui sont hybrides et certains roulent même avec le produit des déchets ménagers, comme ceux d’Iveco fabriqués en France.  Pierre Lahute, leur directeur, nous fait visiter ses derniers modèles hybrides articulés. "Nous sommes leader des bus hybrides et au GN, c'est ainsi que 150 de nos bus roulent à Lille grâce au gaz issu des déchets ménagers. Quant on n'a pas de pétrole, on a des idées" , ajoute-t-il !

Ecouter l'Interview complète de Pierre lahute

Par ailleurs, les agglomérations redécouvrent depuis quelques années le charme du tramway qui a modifié le paysage urbain de beaucoup de villes. Mais il existe aussi des "bus-tram" c'est à dire des trams sur pneus, comme ceux développés par le constructeur Belge Van Hool. L'avantage ? Pas de rails ni de caténaires, une liberté de changer d'itinéraire avec la régularité d'un tramway classique. Dirk Snauwaert, directeur chez Van Hool, explique que des versions électriques à piles à combustible seront proposées très bientôt. Certains de leurs bus sont déjà équipés avec des piles à combustible et sont en exploitation notamment en Écosse et en Belgique.

 

Ecouter l'Interview complète de Dirk Snowaert

Toutes les initiatives doivent concourir à une qualité de vie en ville dont les transports sont à la fois une solution et un problème. Le transport public est plus que jamais une opportunité.

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