Tension gouvernement-patronat : vrai bras de fer ou simple jeu de rôle ?
C’est surtout le retour aux jeux de rôles. Remaniement passé, nouvelle équipe en ordre de bataille pour la présidentielle constituée, revenons aux fondamentaux de campagne électorale : le gouvernement est aux commandes, les patrons n’ont qu’à bien se tenir.
Le message a été envoyé par le Premier ministre aux responsables du Medef, réunis hier avec les syndicats, pour faire un point sur le fameux pacte de responsabilité.
41 milliards d’euros d’argent public mis sur la table pour baisser le coût du travail et, pour l’heure, seules 16 branches professionnelles sur les 50 principales ont signé des accords. Trois seulement prévoient des créations nettes d’emplois.
Trop peu… chacun doit assumer ses responsabilité martèle Manuel Valls
Bras de fer ou dialogue de sourds
C’est le débat autour de la création d’emploi qui ne se décrète pas. Un employeur n’embauche pas parce qu’il reçoit de l’argent. Il s’engage dans l’emploi s’il a des marchés. Manuel Valls en est conscient mais il faut ménager la base électorale.
De leur côté, les patrons préviennent contre une rupture de confiance.
Le gouvernement ne souffle-t-il pas le chaud et le froid en préparant un projet de loi qui faciliterait le licenciement économique ?
Il s’agit de fluidifier les relations entre patrons et salariés. Pour un dirigeant d’entreprise, embaucher en CDI – contrat à durée indéterminé – aujourd’hui, c’est prendre un pari sur l’avenir.
Le patron se dit : "que ferai-je de mon employé recruté à durée indéterminé si mes marchés se retournent ?". Le rôle du patron est de ne pas mettre son entreprise en situation de risque. C’est tout simplement du bon sens.
Que prévoit le texte qui sera défendu par la ministre du Travail Myriam El Khomri
La loi devrait préciser les conditions qu’une entreprise peut invoquer pour justifier un licenciement économique. En réalité, cela revient à limiter le pouvoir d’interprétation du litige par le juge. Le patron anticipe toujours le coût d’un éventuel litige avec un employé devant la justice.
Tout est question d’équilibre : ne pas nuire au salarié tout en sauvegardant la compétitivité des entreprises. Faire en sorte qu’un cas litigieux ne se transforme pas en préjudice général pour tous les employés d’une société qui serait victime d’un carcan judiciaire trop lourd et trop idéologique.
Cela fait débat au sein de la majorité présidentielle… mais il y a urgence au nom de la lutte contre le chômage. D'où cette impression, effectivement, du chaud et du froid soufflé depuis Matignon
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