SNCM, la dernière chance
Cette nouvelle grève sera-t-elle fatale à la compagnie ? La direction estime que les débrayages touchent 4.000 voyageurs et, sur 2 jours, le coût est estimé à 2 millions d'euros.
Les syndicats réclament un engagement clair du gouvernement à appliquer le projet industriel signé en juillet dernier avec la direction et les actionnaires. Ils veulent mettre en place un actionnariat public d'intérêt général avec la Caisse des Dépôts et Consignations, les collectivités locales aux côtés de l'Etat et des salariés qui détiennent 9% du capital.
Aujourd'hui, la SNCM est au bord du dépôt de bilan. D'autant que la Commission européenne demande à l'entreprise de rendre à l'Etat au plus vite les 440 millions d'euros d'aides publiques versées au milieu des années 2000. Des aides que Bruxelles juge illégales du point de vue des règles concurrentielles.
Ce dossier de la SNCM revient régulièrement dans l'actualité. Que se passe-t-il exactement ?
En 14 ans, on en est au 5ème ou 6ème plan de sauvetage de cette compagnie. Finalement privatisée en 2006, elle souffre d'un évident déficit de productivité par rapport aux concurrents qui assurent comme elle les liaisons entre le continent et l'Ile de Beauté. Pourquoi, par exemple, la Méridionale de Navigation est bénéficiaire mais pas la SNCM ? La concurrence n'explique pas tout. Longtemps soutenue à bout de bras par des politiques mauvais gestionnaires économiques, ou clientélistes, l'entreprise a été minée par des conflits sociaux à répétition – le bastion cégétiste marseillais aime à en découdre – sans compter avec les affaires de détournement de marchandise embarquée qui ont fait scandale il y a quelques années. La confiance de la clientèle s'est émoussée au fil des ans... très mauvais pour l'activité commerciale.
Existe-t-il des solutions ? L'est-elle viable ?*
Oui, salariés et gouvernement en sont convaincus. Matignon surveille ce dossier comme le lait sur le feu. Le sujet est très politique à l'approche des élections municipales et très sensible sur le plan social. La SNCM emploie 2600 personnes dont 700 en Corse.
La SNCM est viable mais à plusieurs conditions qu'il est urgent de remplir :
1- qu'il y ait de la trésorerie pour assurer le quotidien (la gouvernement vient d'annoncer l'apport de 30 millions d'euros mais les syndicats parlent d' ''enfumage".
2- que le plan de redressement soit appliqué. Ce dernier prévoit la réorganisation des équipages à bord et un programme de départs volontaires. Tout cela a été validé, y compris par les salariés, mais on est toujours dans la surenchère.
L'Etat verse 30 millions d'euros à la SNCM alors que Bruxelles demande à la compagnie le remboursement de 440 millions. Cela est-il logique ?
Dans les deux cas, c'est bien de l'argent public mais les 30 millions en question sont versés par l'Etat au titre d'actionnaire de la société. Il ne s'agit donc pas d'une aide publique à proprement parler qui, elle, est contrôlée de très près par l'Europe.
L'actionnaire public tient à la survie de l'entreprise au moment où l'actionnaire privé, VEOLIA, veut arrêter les frais et quitter le navire.
Toute la question est de savoir si les syndicats seront partenaires du ministre des Transports Frédéric Cuvillier pour redonner confiance à la clientèle, et faire en sorte que les réservations de l'été soient au rendez-vous pour faire rentrer l'argent. A défaut, l'histoire de la SNCM, qui est déjà un serpent de mer, pourrait bien virer à celle du Radeau de la Méduse.
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