Rigueur et immobilier feront-ils bon ménage ?
2012 Annus Horribilis pour les professionnels l’immobilier et les propriétaires. Après la récente réforme de la taxation des plus values immobilières, voici le relèvement à 7% du taux de TVA applicable aux travaux de rénovation, la suppression en 2013 du dispositif Scellier et celui du PTZ, le Prêt à Taux Zéro. Le dispositif Scellier (réduction d’impôt accordé aux investisseurs qui achètent pour louer leur bien) avait été prolongé jusqu’en 2015 dans la loi de finances pour l’an prochain. Marche arrière toute. En le supprimant par anticipation (au 31 décembre 2012), le gouvernement espère trouver plus de 2 milliards d'euros d'économie mais change de cap en matière d’aide à l’investissement locatif. Idem avec le prêt à taux zéro dans l’ancien . Selon les Chiffres de la FNAIM, le PTZ a permis de soutenir l’activité du secteur tout en bénéficiant aux primo accédants. Pour la seule année 2011, 300.000 ménages, parmi les plus modestes, ont pu ainsi accéder à la propriété. Moins cher que le neuf, l’ancien est généralement plus prisé.
Il y a donc de forte chances pour que la dynamique soit cassée. N’est-ce pas paradoxal dans le contexte de crise actuel ?
C’est la difficile équation entre faire des économies et réintégrer des deniers publics dans les caisses de l’Etat, sans pénaliser le pouvoir d’achat des français. Aujourd’hui, plus de trois français sur cinq ont du mal à acheter un logement (toutes catégories d’âge confondues). Le logement représente environ 25% du budget des Français. Alourdir ce poste – après d’autres – serait donc une erreur, sauf, comme le défendent certains, à ce que les décisions annoncées hier par le Premier ministre ne servent finalement l’investisseur. Cette pression mise sur le marché de l’immobilier couperait court à la spéculation haussière de ces dernières années et les prix repartiraient à la baisse. Faux répondent les professionnels. La fin du dispositif Scellier va plutôt supprimer jusqu’à 60% du marché de la promotion immobilière avec tout ce que cela suppose en terme de perte d’emploi (60.000 logements et 120.000 employés du bâtiment en moins). De quoi casser la dynamique de « la France de propriétaires » que Nicolas SARKOZY appelait de ses vœux en son temps.
Le gouvernement pouvait-il procéder autrement ?
Un des moyens aurait peut-être été de recourir à la grande tradition républicaine du dialogue… on annonce quelques mesures fortes et on renvoie à une concertation avec un Grenelle de la fiscalité quelques mois plus tard. La tradition aurait été respectée mais certainement pas les délais. La seule solution était donc de trancher, ce qu’a fait le gouvernement. François FILLON préfère assumer le risque en pleine campagne pour la présidentielle de 2012.
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