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Report du plan de rigueur : l'Italie peut-elle inspirer la France ?

L’Italie a décidé cette semaine de reporter l’application de son plan de rigueur pour privilégier des mesures de relance de son économie. Rome a-t-elle ouvert une brèche dans laquelle d’autres pays risquent de s’engouffrer ?
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Certainement car l’occasion est trop belle. Le Président du Conseil italien Mario Monti a donné le ‘’La’’ d’un mouvement que beaucoup de pays appellent de leurs vœux depuis des mois, essentiellement les pays du Sud de l’Europe qui rencontrent les mêmes difficultés. Le raisonnement de Mario Monti est simple : l’austérité est en train de tuer le peu de croissance que l’Italie peut encore s’offrir. Phase 1 : repoussons d'un an l’objectif de retour à l’équilibre budgétaire qui était initialement fixé à fin 2013. Phase 2 : lançons de grands travaux (20 milliards d’euros vont être débloqués par an sur les 3 ou 4 prochaines années pour construire ou rafraîchir des routes, du rail, des aéroports, des écoles et des hôpitaux) ; rattrapons le retard des arriérés que l’Etat doit aux entreprises privées (20 milliards y seront consacrés) ; enfin : mettons en place des incitations fiscales à la création d’entreprise.

Vous disiez que beaucoup de pays en rêvent. Est-ce le cas de la France ?

Le sujet prend un relief particulier à la veille d’un nouveau quinquennat. Privilégier la croissance à l’austérité, c’est l’idée que défend la gauche depuis longtemps. S’il est élu au soir du 6 mai, François Hollande n’hésitera pas à citer Mario Monti en exemple pour, à son tour, lâcher un peu de lest sur le plan de rigueur. Reste la marge de manœuvre... à défaut de lancer de grands travaux, l’éventuel nouveau Président socialiste pourrait mettre en pratique les mesures symboliques qu’il a invoquées ces dernières semaines : redonner un peu de pouvoir d’achat en révisant le SMIC, et puis jouer sur l’emploi, notamment en augmentant les effectifs dans l’Education nationale. Attention quand même à ne pas trop dépenser… les efforts doivent continuer… précisons que si Mario Monti repousse les échéances rigoristes, le Sénat italien, lui, a inscrit le même jour dans la Constitution la sacro-sainte ‘Règle d’Or’... ce corset destiné à freiner les ardeurs budgétaires et dont François Hollande ne veut pas entendre parler.

Mario Monti peut-il inspirer également Nicolas Sarkozy ?

Je ne le pense pas. La France n’est pas dans la situation de l’Italie (nous devrions connaître cette année une croissance - faible, certes - de 0.5%, alors que Rome sera largement en dessous de zéro). Par ailleurs, même si elle a été rapidement démentie hier, la rumeur d’une dégradation de la note française refait surface. Le jeu est donc serré, il faut faire très attention aux dépenses. En revanche, s’il est réélu, Nicolas Sarkozy pourrait surfer sur la vague italienne en appuyant le discours prononcé Place de la Concorde dimanche dernier : rendre la Banque Centrale Européenne moins indépendante pour l'inscrire dans une stratégie de croissance et aider directement les économies à repartir... ce qu'il avait déjà défendu en 2007. C’est une évidence : jamais les campagnes pour une élection présidentielle en France n’auront eu une telle tonalité internationale.

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