Réindustrialisez ... sous peine de disparaître !
Il y a une volonté exprimée clairement par le Président de la Commission européenne José-Manuel Barroso : "Je ne crois pas au fatalisme économique qui condamnerait nos industries à être moins compétitives que celles de nos partenaires internationaux" , clame-t-il. Une fois dit cela, que fait-on car, si le secteur industriel est porteur de croissance, le quotidien nous montre trop souvent le contraire ?
Dernier exemple en date, symbole de la désindustrialisation : la papèterie UPM de Docelles, dans les Vosges, spécialisée dans le papier graphique, ferme ses portes demain. Fondée au XVème siècle sur les bords de la Vologne, elle aura résisté aux guerres et à la Révolution mais ne survivra pas à la crise.
N'est-ce pas un positionnement nouveau de vouloir relancer l'industrie ? Jusqu'à présent, on mettait surtout en avant le secteur des services
Je ne veux pas dire "les services c'est bien, l'industrie c'est mieux"... je me ferais des ennemis. Il est effectivement urgent que l'Europe en général, et la France en particulier, réinvestissent dans les industries-clefs, sous peine de perdre leur souveraineté et de former un continent passif, non plus simples sous-traitants mais consommateurs de masse de produits chinois et américains.
Si nous ne réagissons pas, dans une trentaine d'année, l'Europe ne sera plus à la table des grands acteurs du monde. Elle aura disparu des écrans radars.
Si on fait une photo de l'industrie française aujourd'hui par exemple, à quoi ressemble-t-elle ?
Prenons un peu de recul avec les chiffres arrêtés pour 2012 : sur un an, quelque 270 usines ont fermé dans l'hexagone contre moins de 170 créations. Sur les trois dernières années, près de 1.100 entreprises industrielles ont mis la clef sous la porte.
Pour la plupart passées inaperçues car si l'on parle des grosses structures comme Goodyear, Arcelor et autres Pétroplus, la majorité des fermetures a concerné des petites et moyennes industries n'employant pas plus de 70 personnes.
Phénomène nouveau : après une délocalisation massive de la production vers les pays émergents, nous assistons à une relocalisation de l'outil de production au sein même de l'Europe. Et cela profite essentiellement aux pays qui ont particulièrement souffert de la crise : ils ont baissé leurs coûts de production et donc attiré les industries installées dans les pays où les coûts sont plus importants. Renault a dégraissé en France mais s'est installé notamment en Espagne. On pourrait citer de nombreux autres exemples... cela perturbe fortement les grands équilibres industriels en Europe.
Voilà pour le constat. Quid de l'action ?*
Il y a les outils et le financement. Les outils, c'est la politique industrielle, mais pas forcément les grands travaux comme les routes par exemple. On a déjà beaucoup fait en la matière et le réseau autoroutier européen est aujourd'hui le meilleur au monde en termes de qualité et de sécurité. En revanche il faut développer d'autres savoir-faire comme l'automobile, l'industrie pharmaceutique. Nous vivons dans une société où les services dictent de plus en plus les besoins et les débouchés industriels.
L'autre pan, c'est le financement, avec une politique fiscale accommodante au niveau européen – le Président François Hollande l'a encore exprimé cette semaine.
Enfin, il faut une politique de formation adaptée aux nouveaux besoins. Bref, une vraie ambition commune qui n'existe toujours pas malgré les enjeux évidents. La politique industrielle de l'Europe n'est aujourd'hui qu'un vœu pieux.
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