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Rachat d'Alstom par General Electric, c'est parti

La Commission européenne a donné son feu vert au rachat par l’américain General Electric de la branche énergie du groupe français Alstom pour près de 12 milliards et demi d’euros. Accord également des autorités américaines de la concurrence. C’est une nouvelle aventure industrielle qui commence.
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10 min
  (Alstom, usine de Belfort © Maxppp)

C’est surtout la fin d’un long feuilleton entré dans sa dernière ligne droite il y a quinze mois avec l’aval de l’Etat français, et de longues discussions entre les deux groupes. On se souvient des réunions du dimanche soir à l'Elysée entre les protagonistes et les envolées lyriques d'Arnaud Montebourg qui n'auront pas servi à grand-chose.

 

Qu’est-ce qui a poussé les autorités de la concurrence à dire oui ?

Une série de concessions sur le plan industriel : General Electric s’est engagé à revendre l’activité turbines à gaz très haute puissance d’Alstom à l’italien Ansaldo Energia, pour éviter de se retrouver en situation de monopole sur le Vieux Continent. En revanche, Bruxelles n’a rien trouvé à redire sur les autres activités communes comme les réseaux et les énergies renouvelables, sur lesquelles GE et Alstom travailleront en commun.

 

Peut-on parler de synergies gagnantes ?

 

Sur le plan strictement économique, le ferroviaire – qui reste le cœur de métier d’Alstom –  lié à l’énergie devrait booster le chiffre d’affaires du nouvel ensemble de 5% par an. Par contre, sur le plan social et de l’emploi, l’absorption d’Alstom par GE pourrait entraîner 10.000 suppressions de postes dans le monde… en France, 2.000 emplois seraient concernés mais le groupe américain s’engage à un solde net de 1.000 emplois. Comme toujours en pareil cas, les promesses n’engagent que ceux qui les croient.

 

La fin d’ALSTOM tel qu’on l’a connu, c’est un pan de l’histoire industrielle qui tombe…

 

C’est une des nombreuses illustrations de la désindustrialisation que subit la France depuis deux à trois décennies. Passage raté de la deuxième à la troisième révolution industrielle et manque de stratégie politique. Tout s’est joué entre la fin des années 90 et le début des années 2000. C’est aussi le signe de la politique industrielle brouillonne de l’Union européenne, qui n'a pas permis de créer ce que l'on a appelé l' "Airbus de l'énergie" avec l'Allemand Siemens. Alstom cède des activités qui représentent 70% de son CA. Les décisions industrielles seront, de toute évidence, prises par les américains, même si certains hauts dirigeants français ont été recasés au board de GE.

Quant au dernier patron français d’Alstom, Patrick Kron, il sera le dernier à fermer la porte en 2016, une fois que l’opération sera bouclée. Une autre aventure industrielle commence, moins tricolore, plus mondiale. Normalement, l’opération sera finalisée au quatrième trimestre de cette année.

 

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