Prix du livre : Amazon n'a pas dit son dernier mot
Les 3500 libraires de France y verront un grand motif de satisfaction. Concrètement, le texte - adopté à l'unanimité par la droite et la gauche, c'est important à préciser - insère dans la Loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre un alinéa très précis. Il stipule que dans le cas d'un ouvrage expédié par la Poste ou par messagerie, le vendeur ne pourra plus cumuler à la fois le rabais de 5% autorisé et la gratuité des frais de port. Ce sera fromage ou dessert, mais pas les deux en même temps.
On voit très bien le premier visé : le site internet Amazon
Le géant américain détient aujourd'hui 70% du marché de la vente de livre en ligne et, grâce au cumul des réductions visées aujourd'hui par les parlementaires, un livre commandé sur Amazon arrive au domicile du client moins cher que si ce dernier l'avait acheté dans une librairie. Concurrence déloyale disent les libraires ; mesure nuisible au pouvoir d'achat des français répond Amazon. Notons au passage que la FNAC est exactement dans le même cas. Sur les 3500 libraires que compte l'hexagone, entre 600 et 800 sont totalement indépendants et ne se rattachés à aucun éditeur, aucune chaîne ou grandes surface. Beaucoup invoquent leur survie.
C'est vrai que, de fait, le prix du livre va augmenter !*
Vaut-il mieux payer un peu plus cher un livre chez son libraire ou le commander avec une ristourne sur internet pour plus de confort ? Evidemment la question se pose en plein débat sur notre pouvoir d'achat. Mais elle prend aussi tout son sens au moment où une enseigne comme Chapitre annonce la mise en vente de 57 librairies en France, avec son cortège de 1200 salariés.
Sur le fond, il est intéressant de voir l'évolution sociétale depuis la loi Lang de 1981 et le monde ouvert d'internet 30 ans après. Que représente désormais le prix du livre ? Que met-on exactement dans ce prix ? Ce n'est pas la vente sur internet qui est ici remise en question (il y aujourd'hui des tas de commerçants ou de petites entreprises qui intègrent le net dans leur stratégie commerciale en plus de l'accueil physique en magasin). Ce dont il est question, c'est de méthode commerciale via le web.
Le texte des députés va maintenant partir au Sénat, avec toutefois une réserve : d'après plusieurs experts et fiscalistes, il est susceptible d'être retoqué par le Conseil constitutionnel. La mesure ciblant des opérateurs non nationaux comme Amazon pourrait en effet être jugée discriminatoire au regard du droit communautaire. AMAZON n'a donc peut-être pas dit son dernier mot.
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