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Pollution urbaine : quel coût économique pour la collectivité

Circulation alternée à Paris et sa petite couronne lundi 17 mars. La décision prise par le gouvernement pose la question du coût de la pollution pour la société. Peut-on réellement chiffrer cet impact ?
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
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Le premier impact est
celui sur les comptes de la RATP et de la SNCF avec la gratuité des transports
depuis jeudi. A ce jour, le manque à gagner s'élève à 20 millions d'euros. Le
Syndicat des Transports d'Ile de France, le STIF, évalue à 4 millions d'euros
par jour le coût de l'opération gratuité. Plus largement, de nombreux travaux
ont été menés sur l'impact de la pollution urbaine, et la littérature en la
matière est abondante. La dernière qui fait foi remonte à deux ans. Une étude
menée par l'Institut de veille sanitaire, à Paris et dans une dizaine de
capitales régionales. Il en ressort que la réduction de la pollution
permettrait à la collectivité d'économiser près de cinq milliards d'euros par an.

De quels coûts
s'agit-il exactement ?

Il s'agit de coûts
marchands (soins et traitements de certaines pathologies comme l'asthme, les
maladies cardiovasculaires, les cancers...), et les coûts non marchands comme
la perte de bien-être liée à l'inconfort qui peut déboucher sur des
dépressions. Il y a aussi la restriction d'activités dans les secteurs
domestiques ou de loisirs. C'est justement dans le domaine de l'air que les
relations entre qualité de l'environnement et santé sont les mieux connues et
calculables grâce aux études menées depuis une quinzaine d'années.

Ces études
proposent-elles des solutions ?

Elles se limitent
généralement au constat mais ce dernier constitue déjà une solide base de réflexion.
La question est de savoir comment aller plus loin que la politisation des
problèmes de santé publique. Le gouvernement promet des mesures pérennes d'ici
l'été. Dont acte, attendons de voir. Mais il devra aller plus loin que
pénaliser les seuls automobilistes ou montrer du doigt les moteurs diesel dont
les derniers modèles, qui équipent le parc français depuis plusieurs années, ne
produisent plus de particules fines (pour les voitures comme pour les bus).
Plus considéré comme un gadget politique et un message envoyé aux écologistes à
une semaine des élections municipales, se focaliser sur la seule journée de
circulation alternée, c'est oublier qu'une telle mesure, pour commencer à être
réellement efficace, doit durer plusieurs jours. Mais cela poserait évidemment
de réels problèmes d'organisation pour les salariés, les entreprises, et
pèserait sur l'économie.

Que peut-on imaginer
comme mesures pérennes ?

On ne va pas refaire
le monde en un jour, mais de l'organisation officielle d'un système efficace de
co-voiturage (avec le recul des expériences menées jusqu'à présent, on sait
qu'un système bien rodé et médiatisé peut permettre de réduire jusqu'à 50%
l'utilisation de la voiture), à l'économie circulaire qui défend notamment une
gestion localisée des échanges et du commerce, il s'agit d'un travail de long
terme, synonyme de réorganisation de la société au sens large. C'est ce que
l'économiste américain Jérémy Rifkin appelle la troisième révolution industrielle.
L'ancrage local des initiatives sera déterminant. Un vrai sujet pour les maires
élus au prochain scrutin municipal et à l'heure de la réforme des collectivités
locales. Les chantiers ne manquent pas.

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