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Pfizer-Allergan, une fusion très... fiscale

C’est la plus grosse opération de fusion dans le secteur pharmaceutique : l’Américain Pfizer a lancé le rachat de l’Irlandais Allergan pour 150 milliards d’euros. Une opération qui soulève bien des questions… pas uniquement industrielles.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Logo Pfizer © Maxppp)

Opération osée car, s’il s’agit bien de groupes privés, le gouvernement américain a pris les devants et mis en garde le fabricant du Viagra qui veut avaler celui de l’antirides Botox.

On peut comprendre le Trésor américain car cette fusion répond, certes, à des intérêts industriels – notamment par les économies qu'elle permettra de réaliser –,  mais surtout à des intérêts fiscaux.

S’il voit réellement le jour, le nouveau géant mondial de la pharmacie installera son siège en Irlande, paradis fiscal où l’impôt sur les sociétés s’élève à 12,5% contre 35% aux Etats-Unis.

Cas typique de ce que l’on appelle les "fusions anti-impôt"

Fusion anti-impôts, qui plus est à la dimension américaine. Ce serait la plus grosse opération d’ "évitement fiscal" jamais réalisée par une société américaine. Le président américain Barack Obama qualifie ces opérations d’ anti-patriotiques.  Il faut dire qu’elles causent pour les Etats-Unis un manque à gagner qui se chiffre en milliards de dollars.

Le Trésor prépare des réglementations drastiques pour lutter contre ce fléau, ce qui explique l’accélération des négociations entre Pfizer et Allergan ces dernières semaines. Chaque camp joue contre la montre.

Sur le plan industriel, en quoi cette opération fait sens ?

Pfizer est un ogre pour qui tous les moyens sont bons pour grossir. En 2000 déjà, il avait repris Warner-Lambert pour près de 85 milliards d’euros ; Pharmacia Corp pour 56 milliards d’euros en 2003 ; etc. Des achats qui dopent sa croissance. Les résultats de Pfizer ont baissé de 2% sur le dernier trimestre mais le rapprochement avec Allergan devrait permettre d’augmenter les profits de 10% à partir de 2019-2020.

Cela permet également au groupe d’élargir sa gamme de traitements, sans passer par la très onéreuse case recherche et développement, à l’heure où les brevets tombent dans le domaine public pour céder la place aux médicaments génériques.

Des opérations de rachat facilitées, aussi, par le niveau très bas des taux d’intérêts de part et d’autre de l’Atlantique. Tous les feux sont au vert pour la course au gigantisme.

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