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Petroplus, la stratégie libyenne

Arnaud Montebourg serait prêt de boucler un tour de table pour la reprise de la raffinerie Petroplus de Petit Couronne (près de Rouen), placée en liquidation judiciaire. Que cache cette botte secrète du ministre du Redressement productif ?
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Souvenez-vous, lorsqu'il est allé fin septembre à Florange en Moselle pour tenter de rassurer les métallos d'Arcelor Mittal sur leur avenir, Arnaud Montebourg avait promis – et il a tenu promesse – de prendre contact avec les groupes sidérurgiques du monde entier pour trouver un repreneur. Les contacts pris, on attend maintenant les retombées. Pour ce qui est de Petroplus, Arnaud Montebourg joint le geste à la parole puisqu'il s'envole aujourd'hui (avec le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius) pour la capitale libyenne Tripoli en espérant revenir avec un accord du fonds souverain de l'Etat libyen. Intéressé par ce dossier, la Libye prendrait une participation dans Petroplus avec l'appui du FSI, le Fonds Stratégique d'Investissement français, comme partenaire minoritaire.

Autant dire que de grandes manœuvres sont engagées

Oui, et pas uniquement autour de Petroplus. Si une solution pérenne est trouvée pour l'avenir de la raffinerie rouennaise qui emploie près de 500 personnes, on la saluera. Mais l'initiative de l'Etat libyen s'inscrit dans le cadre d'une stratégie beaucoup plus large, à laquelle réfléchissent de nombreux autres Etat arabes. Face aux difficultés économiques que traverse l'Europe, face la crise mondiale qui réduit la consommation de pétrole et commence à pousser la demande asiatique à la baisse, les pays producteurs cherchent la parade. Certains pays comme le Qatar préparent déjà l'après pétrole en diversifiant leurs investissements (prise de participations dans des groupes industriels; rachats de terres agricoles fertiles en Europe, etc...)... d'autres, comme l'Irak ou Dubaï, cherchent à se placer dès à présent dans les régions où se trouvent les énergies du futur... ils seront ainsi déjà positionnés pour exploiter, une fois que les querelles politiques auront pris fin.


J'imagine que vous voulez parler des gaz de schiste ?*

Ce n'est pas moi qui en parle, c'est l'OPEP. L'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole reconnaît pour la première fois que les technologies d'extraction de gaz et de pétrole de schiste – la roche qui est sous nos pieds renferme du gaz mais aussi du pétrole que l'on peut extraire par les mêmes moyens –, ces technologies sont en train de modifier le paysage mondial de l'énergie. Les statistiques de l'OPEP sont précises. Le pétrole de schiste devrait contribuer à l'offre mondiale à hauteur de 2 millions de barils par jour d'ici 2020... jusqu'à 3 millions d'ici 2035. A titre de comparaison, 2 millions de barils/jour représente la production actuelle du Nigéria. Pour résumer : le monde va consommer de moins en moins de pétrole traditionnel mais de plus en plus de pétrole – et gaz – de schiste. La Libye l'a bien compris en tentant de jouer l'entrisme sur notre sol via divers investissements dont celui dans Petroplus. Pour Arnaud Montebourg et Laurent Fabius, tout est désormais question de choix, au nom de la Diplomatie économique.

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