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Mur budgétaire américain : rien n'est réglé sur le long terme

Aux Etats-Unis, on est passé à côté du pire sur le plan économique. Cette nuit, à la Chambre des représentants, démocrates et républicains sont parvenus, in extrémis, à un accord pour éviter à l'Amérique une dure cure d'austérité mais les problèmes budgétaires ne sont pas réglés pour autant.
Article rédigé par franceinfo
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Démocrates et républicains n'ont fait que se mettre d'accord sur des mesures de court terme. Il leur fallait trouver les moyens de remettre à flot l'économie américaine surendettée et éviter : d'un côté une hausse massive d'impôts touchant tous les américains, de l'autre une baisse drastique des dépenses. Le consensus de cette nuit permet d'éviter une récession immédiate car : il épargne 98% de la population américaine de l'augmentation des impôts (cette augmentation concernera uniquement les revenus supérieurs à 450.000 dollars – environ 340.000 euros – annuels) ; il prolonge le paiement des indemnités chômage (ce qui n'était pas gagné) et prévoit la renégociation de coupes budgétaires dans les 2 prochains mois. Donc, les mesures " vitales " sont sauvegardées mais rien n'est réglé sur le fond car il va maintenant falloir négocier les coupes dans les dépenses. La dette américaine atteint aujourd'hui 16.400 milliards de dollars et ce plafond, déjà enfoncé, va devoir être relevé pour permettre à l'Etat de continuer à fonctionner. Les choses sérieuses ne font que commencer et les marchés financiers vont rester très vigilants.

Républicains et démocrates ont quand-même fait des concessions. Ne faut-il pas y voir un signe positif ?

Et bien face à un Barack Obama n'ayant plus rien à perdre après sa réélection pour un dernier mandat à la Maison Blanche, les Républicains ne pouvaient se payer le luxe de camper sur des positions impopulaires, au risque de noircir leur image dans la prochaine course à la présidentielle. En acceptant des hausses d'impôts pour les revenus supérieurs à 450.000 dollars par an alors qu'ils avaient placé la barre à un million, les Républicains ont mis de l'eau dans leur vin (l'impôt des plus riches va être relevé de 35 à 40%... la première hausse aussi forte depuis 20 ans outre Atlantique). Idem pour Obama qui voulait imposer les foyers dès 250.000 dollars de revenus annuels... il a accepté un relèvement du seuil... au grand dam des plus purs démocrates.

Vous voulez dire que l'on reste sur des postures strictement politiques ?

Oui mais pas de vaines querelles politiciennes. On touche là à la conception même du rôle de l'Etat dans la gestion des affaires économiques : comment utiliser les recettes et les dépenses, comment gérer les déficits ? Cette divergence de vue très politique paralyse aujourd'hui l'ensemble des économies développées. Des Etats-Unis au Japon en passant par l'Europe, les accords de court terme masquent l'impossibilité de se retrouver sur de vraies solutions de long terme. L'avenir économique compromis par les désaccords politiques est de plus en plus le triste apanage des démocraties modernes.

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