Modération salariale : la botte secrète des pays européens endettés
De ces mesures dépend le versement à Athènes d’un prêt de 130 milliards d’euros. 15.000 suppressions d’emplois dans la fonction publique, des coupes de 15% dans les retraites complémentaires et surtout : les salaires. Athènes consentirait à baisser de 22% le salaire minimum qui serait ainsi ramené à 586 euros brut sur 14 mois.
Les salaires : dernière variable d’ajustement…
Oui car face au cas grec, désespéré, on a tout essayé. On sait désormais que le geste consenti par les banques privées de s’asseoir sur 70% de la dette qu’elles détiennent ne suffira pas au pays pour remonter la pente. Même si ces banques renonçaient à réclamer l'intégralité de l'argent prêté, cela ne réglerait rien sur le plan structurel. Par un tour de passe-passe qui dure depuis plusieurs mois, l’essentiel de la dette grecque est aujourd’hui détenue par la Banque Centrale Européenne. Et la BCE (dont l’Italien Mario Dragui fête aujourd’hui ses cent jours de Présidence) a visiblement décidé de siffler la fin de la partie (la banque centrale est prête à faire un dernier effort mais pas plus). Trois options s’offrent à la Grèce : sortir de l’Euro… l’opération serait trop coûteuse et dommageable pour l’ensemble de l’Union européenne. Se mettre sous perfusion, en demandant aux Etats qui en ont les moyens de remplir le tonneau des Danaïdes… personne (Allemagne en tête) ne veut aller au casse pipe. Reste la troisième solution : la dévaluation. Mais pas une dévaluation monétaire. Une dévaluation dite « interne » : c’est à dire une baisse des salaires pour relancer la compétitivité.
Compétitivité. Me mot est prononcé un peu partout en Europe et plus seulement en Grèce.
Le concept s'impose de plus en plus dans les pays du Nord de l'Europe et plus seulement dans ceux du Sud. Il n’y a plus d’argent dans les caisses des Etats. Ces derniers comptent donc sur les entreprises pour retrouver le chemin de la croissance et soutenir l’emploi. On les laisse jouer sur deux tableaux : la modération salariale (c’est ce que font les entreprises allemandes), et la baisse des charges pesant sur les sociétés (c’est ce que veut faire la France avec la TVA dite ‘’sociale’’). Le débat oppose les économistes. La première école prône une hausse des salaires pour générer de la croissance. La seconde affirme qu'augmenter les salaires reviendrait à doper les importations et pénaliserait les entreprises qui ont déjà le couteau sous la gorge. La Grèce serait donc la partie émergée de l’iceberg… les salaires pourraient bien être l'ultime botte secrète partout en Europe.
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