Livret A : remplissez vos bas de laine !
Ca devrait en faire à nouveau un excellent cadeau de fin d’année des grands-mères pour leurs petits enfants. Le livret A de La Poste et des Caisses d’Epargne est le placement populaire par excellence : simple, sûr – aucun risque de voir fondre son épargne – et totalement sans impôt. Du coup, 46 millions de Français en possèdent. Mais l’objet est politiquement sensible parce que le taux d’intérêt qui rémunère les dépôts est fixé par les pouvoirs publics. Pendant les années de baisse, les ministres étaient accusés de rogner le pouvoir d’achat des Français. Pour ne plus porter le chapeau, le gouvernement a décidé en 2004 d’instaurer un calcul automatique du taux, sans penser que la situation allait se retourner. Le système combine l’évolution des prix et des emprunts à court terme. En ce moment, les deux ingrédients sont à la hausse. On devrait donc avoir l’an prochain un livret A très attractif, avec un niveau de rémunération jamais atteint depuis 12 ans ! Un rendement comparable à beaucoup de produits d’assurance-vie ou de sicav monétaires, des produits qui sont eux taxés et sur lesquels il y a des frais divers. Avec ça, le livret A n’est plus seulement placement pèpère mais il devient un véritable moyen de gérer son patrimoine.
Ca veut dire qu’il faut s’attendre à un fort développement du livret A l’an prochain ?
Les dépôts augmentent et ça va continuer. La nouvelle n’est pas seulement bonne pour les épargnants, mais aussi pour les banques qui toutes vont pouvoir - Bruxelles oblige ! - distribuer le livret A à partir de l’année prochaine. Il va devenir un formidable produit d’appel. En revanche, ça va provoquer l’inquiétude des organismes HLM car les sommes épargnés servent à financer les logements sociaux et les emprunts pour les construire vont être plus chers. Enfin, ça pose une question de fond : est-ce que le livret A va pouvoir continuer à être complètement exonéré d’impôt ? Car si la très grande majorité des épargnants l’utilisent normalement, il y a 6% de détenteurs qui le gonflent à bloc – le plafond de dépôt est de 15 300 euros – qui en ouvrent pour leur famille, dans le seul but d’accumuler des intérêts nets d’impôts. Ca devient une niche fiscale. Pas sur qu’on n’y touche pas. Pas sûr non plus que la Banque de France, qui doit encore donner un ultime feu vert à la hausse, accepte tel relèvement qui bouscule l’équilibre des placements financiers.
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