Les super profits du super…
Les premiers gagnants de la situation actuelle, ce sont d’abord les pays producteurs, en particulier l’Arabie Saoudite, qui engrangent chaque mois 20 milliards de dollars. L’OPEP, l’Organisation des pays producteurs, revient au centre du jeu. Les recettes pétrolières permettant au pays du Moyen-Orient d’investir dans l’économie mondiale, à travers ce qu’un récent rapport du Sénat a qualifié de plus grand gisement de liquidités au monde pour des Etats, évalué à 4 000 milliards de dollars. A travers ce qu’on appelle les fonds souverains, ces monarchies deviennent ainsi des acteurs de premier plan de la finance mondiale. Le premier actionnaire de la première banque mondiale, l’américaine Citibank, est un prince saoudien.
A l’autre bout de la chaîne, il y a l’Etat français. A travers la TVA et la taxe intérieure sur les produits pétroliers, qui représente les deux tiers du litre d’essence, l’Etat empoche 17 milliards d’euros par an, sans compter une part réservée aux régions. Mais attention : la TIPP est d’un montant fixe par litre, elle n’augmente pas au rythme du pétrole. Bercy pense même perdre des recettes car on s’attend à une baisse de la consommation à la pompe, comme ça a été le cas l’an dernier.
Et entre les deux, il y a donc les compagnies pétrolières, évidemment très sensibles à la montée du baril.
Alors justement, UFC Que Choisir a proposé hier de demander à Total une contribution exceptionnelle pour financer de nouvelles sources d’énergies alternatives. Est-ce que ça peut voir le jour ?
C’est très peu probable. La proposition revient sur le devant de la scène car Total a déjà engrangé l’an dernier le plus gros bénéfice jamais relevé pour une entreprise française. Mais d’abord, il ne faut pas oublier que comme toutes les entreprises, Total est soumis à un impôt proportionnel à ses résultats. C’est le droit commun et il n’y a pas de raison de taxer plus une activité qu’une autre au prétexte qu’elle est rentable. Ensuite, là où les compagnies achètent le pétrole qu’elles transportent et raffinent, elles sont taxées par les pays producteurs, qui sont en train de renforcer cette fiscalité. Bercy va quand même demander aux pétroliers de lisser les hausses. Mais ca ne pourra pas aller très loin. Pour faire baisser l’essence, la seule solution efficace consisterait à faire baisser les taxes. Mais l’Etat ne veut pas en tendre parler. Car il perdrait de précieuses recettes budgétaires et il enverrait un message complètement contraire au Grenelle de l’Envrionnement, où il a été dit que l’impôt est un moyen de limiter la consommation d’énergies polluantes. Le litre de sans plomb à 1 euro 50 est aujourd’hui inéluctable.
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