Les Français puisent dans leur épargne pour boucler les fins de mois
Si l'on en croît une étude IPSOS réalisée pour le compte de l'assureur britannique GENWORTH, plus de la moitié des Français (56% exactement) ont dû puiser dans leurs livrets A et autres placements entre juillet 2012 et juillet 2013 pour couvrir leurs dépenses mensuelles.
Les retraits moyens ne portent pas sur de grosses sommes (environ 200 euros par mois) mais on constate qu'ils sont de plus en plus fréquents chez les 25-34 ans, légèrement moins chez les 35-44 ans.
Au mois d'août, le Livret A a enregistré sa plus faible collecte depuis 2 ans. Faut-il rapprocher les deux informations ?
Le mois dernier, nous avons placé moins d'argent sur des livrets devenus moins rentables à cause d'un taux de rémunération abaissé d'1,75 à 1,25% le 1er août, la politique gouvernementale étant de vouloir réinjecter de l'argent dans la consommation. Mais les Français restent malgré tout attachés à l'épargne.
Du moins, ceux qui le peuvent. Sur les 8 premiers mois de 2013, 23 milliards d'euros ont ainsi déboulé sur les Livret A et le LDD (plus que l'ensemble des années 2009, 2010 et 2011). Notre bas de laine atteint aujourd'hui le niveau record de 265 milliards d'euros.
En résumé, il y a d'un côté ceux qui ont les moyens de continuer à épargner et, de l'autre, ceux qui ont besoin de leurs économies pour boucler les fin de mois.
D'un côté, ceux qui ont profité du relèvement des plafonds de dépôt pour blinder leurs livrets (23.000 euros maximum pour le Livret A et 12000 euros pour les LDD) et puis les autres... ménages aux faibles revenus et classes moyennes. N'oublions pas que près de la moitié des personnes interrogées par IPSOS pour GENWORTH estiment avoir subi une baisse ponctuelle de leurs revenus au cours des 12 derniers mois. Tout cela sur fond de hausses d'impôts. L'épargne dite de "précaution" prend ici tout son sens.
D'autant plus intéressant à analyser au moment où le budget 2014 est présenté en Conseil des ministres.*
Tout n'est pas bouclé pour autant. Le débat qui va maintenant s'ouvrir à l'Assemblée nationale et au Sénat sera l'occasion d'arrondir les angles, même si la messe est dite. "J'assume avoir été obligé d'augmenter les impôts " déclare le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.
Mais une autre messe se profile à l'horizon : les élections municipales du mois de mars. Cette messe est loin d'être dite, ce qui tétanise de plus en plus d'élus socialistes inquiets de l'exaspération grandissante de leurs administrés qui viennent de recevoir leur avis d'imposition.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.