La SNCF vaut-elle encore quelque chose ?
Le chiffre est si gros que le président de la Sncf, Guillaume Pépy, a préféré allumer un contre-feu en annonçant la couleur avant la date officielle. Douze milliards d’euros ! Le Conseil d’administration de l’entreprise publique l’annonce à l’issue de sa réunion alors qu’en 2014, la Sncf affichait un bénéfice de 605 millions pour un chiffre d’affaires de 27 milliards. Mais attention, comme le dit le célèbre slogan : un train peut en cacher un autre.
Il faut donc relativiser ces chiffres
Ces résultats sont en trompe l’œil, heureusement pour tout le monde, dont le contribuable. Douze milliards de pertes… l’entreprise mettrait la clef sous la porte rapidement ou l’Etat actionnaire devrait faire un sacré effort financier pour maintenir le navire à flot. Comme l’explique Guillaume Pépy, ces données ne doivent pas masquer la réalité des performances économiques du groupe. En réalité, les 12 milliards de perte correspondent à ce que l’on appelle une dépréciation d’actifs. C’est à dire la révision à la baisse de la valeur de certains biens et matériels. Dépréciations sur la base d’une simulation de ce que ces biens vaudront dans plusieurs années en fonction de certains critères.
Qu’est-ce qui sera tant "déprécié" à la Sncf dans quelques années ?
SNCF Réseau (qui gère les infrastructures de la SNCF) : 10 milliards d’euros ; les trains, dont le parc de rames TGV : 2 milliards ; les gares : 450 millions d’euros. Selon les commissaires aux comptes de l’entreprise, la valeur de Réseau Sncf passera ainsi de 43 à 33 milliards d’euros en 15 ans.
Pourquoi ces révisions à la baisse du patrimoine de la société des chemins de fer ?
Pour ce qui est des rames TGV, la dépréciation s’explique pour moitié par la baisse des prévisions de trafic due à la poussée de la concurrence du co-voiturage ou du low cost aérien. La SNCF se prépare aussi à l’arrivée de la concurrence sur les grandes lignes, ce qui va la contraindre à multiplier les petits prix, obérant d’autant ses rentrées financières. Idem pour certaines lignes TGV comme la future liaison Tours-Bordeaux, annoncée depuis très longtemps comme déficitaire avant même de voir le jour. On inclut ces effets négatifs dans les comptes, aujourd’hui, alors que l’entreprise génère encore des profits. Car, sans prendre en compte ces dépréciations d’actifs, la Sncf affiche pour 2015 un résultat opérationnel proche de 380 millions d’euros. Le plus difficile va être d’expliquer que, malgré l'impact de ces écritures comptables, la Sncf vaut encore quelque chose.
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