La fin de la retraite à 60 ans

Un mythe plutôt qu’une loi. Voilà à quoi ressemble la retraite à 60 ans. Officiellement en France, on ne remet pas en cause une conquête sociale. Dans les faits, comme pour les 35 heures, mais depuis plus longtemps, elle s’est trouvée progressivement vidée de sa substance. Prise en tenailles entre deux objectifs aux effets contradictoires. Pour faire baisser les chiffres du chômage, on a mis en place des préretraites très avantageuses qui ont sorti du marché du travail une masse de salariés à 57, voire 55 ans. Cette période s’achève : le gouvernement a promis d’y mettre fin en les taxant lourdement. L’autre objectif : c’est l’équilibre financier des caisses de retraites. Il impose d’allonger la durée de cotisation des actifs, d’abord à 40 ans, puis demain à 41. Comme les jeunes commencent à travailler de plus en plus tard, les nouvelles générations ne pourront évidemment plus partir à 60 ans. Le système de décote sur le montant des pensions, qui pénalise ceux qui n’ont pas travaillé assez longtemps, et de surcote, qui récompense ceux qui prolongent leur carrière, est beaucoup plus puissant qu’un relèvement de l’âge légal.

Et est-ce que chez nos voisins européens, on tient le même raisonnement ?

Toute l’Europe travaille de plus en plus tard. En Allemagne, la grande coalition a fait voter cette année le relèvement progressif de l’âge de la retraite de 65 à 67 ans. En Italie, près de cinq millions de salariés ont participé à un référendum consultatif où ils ont approuvé à 80% un relèvement de l’âge minimum. Au Royaume-Uni, la retraite à 68 ans est programmée pour le milieu du siècle. Avec des modalités différentes, la tendance est donc partout la même. D’autant que l’espérance de vie après 60 ans ne cesse d’augmenter. Elle est de 22 ans pour les hommes et de 27 ans pour les femmes. Et on reste plus longtemps en bonne santé. Le professeur Etienne-Emile Beaulieu, découvreur de la DHEA, l’hormone antivieillissement, vient de faire plancher des experts pour les Académies des sciences et de médecine sur le thème : «Quels sont les éléments scientifiques et médicaux qui militent encore en faveur de la retraite à 60 ans ? » A les entendre, la réponse est claire : il n’y en a plus ! Le professeur Beaulieu donne l’exemple : il va fêter ses 81 printemps…