L'or dérouille

La faute à la crise, mais pas seulement. L'once d'or est aujourd'hui sous les 1.400 dollars. Concrètement, hier, pour s'acheter un lingot d'un kilo il fallait débourser 35.200, 00 euros. Le repli des cours ne s'est pas produit subitement mais il est particulièrement marqué depuis 3 semaines.

Trois explications au moins à cette baisse. La première vient des Etats-Unis : la réserve fédérale américaine a récemment annoncé qu'elle envisageait de modérer sa politique monétaire. En d'autres termes, de ralentir la planche à billet pour réduire l'injection de liquidité dans une économie qui montre quelques signes de reprise. Le billet vert étant aujourd'hui la principale monnaie de réserve au niveau mondial, moins de dollar en circulation entraîne une hausse de sa valeur... et mécaniquement, quand le dollar monte, l'or baisse car les investisseurs s'en délaissent pour acheter du billet vert.

Deuxième facteur : la croissance moins soutenue de l'économie chinoise au premier trimestre... elle a poussé les opérateurs à réduire leur exposition sur les matières premières. Enfin, troisième explication : Chypre, en crise, aurait vendu récemment 10 tonnes d'or pour redresser ses comptes. Et ce n'est pas fini. Le gouvernement chypriote annonce son intention de vendre pour 400 millions d'euros de métal jaune issu de ses réserves.

Cet élément est réellement significatif ?*

C'est un élément nouveau et il est capital. Dans le contexte de crise généralisée en Europe, Chypre pourrait donner des idées à d'autres Etats en difficultés. Ils seraient tentés de vendre également une partie de leur stock d'or pour redresser leurs comptes. Nous n'y sommes pas encore mais Chypre pourrait réellement avoir créé un précédent et les marchés y sont très sensibles, sans parler des fonds spéculatifs qui contribuent à accentuer le mouvement.

L'or n'est donc plus la valeur refuge que l'on présente toujours comme tel ?

Disons que la donne a un peu changé pour les raisons que je viens d'exposer mais quand on sortira de la période d'incertitude, l'or regagnera son statut sécurisant. Donc pas d'affolement. Si vous détenez des lingots, des lingotins, des souverains, des Napoléon ou des Elizabeth ce n'est pas le moment de vendre. Ce n'est pas non plus le moment d'acheter car les cours devraient encore baisser d'ici l'an prochain. Il convient donc d'attendre un peu.
En réalité, cette situation traduit un paradoxe. En cette période de crise, l'économie aurait besoin de carburant pour tourner. L'argent placé en or ne travaille pas, il n'est pas injecté dans l'investissement des entreprises contrairement à ce que proposent d'autres placements.
On se rassure avec le métal jaune mais et on ne prend pas de risques. C'est pourtant ce dont aurait besoin notre économie aujourd'hui.