L'Europe doit investir dans ses industries clefs pour continuer à exister
La déclaration du Commissaire en charge des marchés et des services est passée inaperçue... et pourtant... elle pose une question importante en plein débat sur la relance de l'économie : comment assurer la croissance en Europe grâce aux entreprises européennes, donc : grâce à nos savoir faire, pour sauvegarder nos emplois ? Selon Michel Barnier, la solution est simple : il est urgent - dit-il - que les européens investissent dans les industries clés sous peine de perdre leur souveraineté et de devenir un continent passif, non plus simples sous-traitants... pire : devenir consommateurs de produits chinois ou américains. Si nous ne mutualisons pas nos forces – ajoute en substance Michel Barnier -, nous n'existerons plus dans trente ans... l'Europe ne sera plus à la table des grands acteurs du monde... l'Europe aura disparu des écrans radar.
Une fois que cela est dit, comment faire concrètement ?
La réponse tient en deux temps : les outils et le financement. Les outils, c'est avant tout la politique industrielle et pas forcément les grands travaux tels qu'on les imagine. Fabriquer de nouvelles routes ? Inutile ! Le réseau autoroutier européen est aujourd'hui le plus développé et le meilleur au monde. En revanche, l'industrie ne doit pas exclure les services. Informatique, logistique, banques, finance, services de santé pour faire face à une société vieillissante, toujours plus demandeuse de soins. Dans tous ces secteurs, l'Europe a un savoir faire qui ne demande qu'à se développer. L'heure n'est plus à la bataille concurrentielle que se livrerait le secteur industriel et celui des services... l'enjeu, désormais, est le maillage des deux. Nous vivons dans une société où les services dictent de plus en plus les besoins et les débouchés industriels. L'Europe doit optimiser cette force.
Et le financement ?...
Le financement, ce n'est pas uniquement l'injection d'argent public dont les pays européens – à quelques exceptions près – ne disposent plus. C'est avant tout une politique fiscale accommodante. Entre la marge de manoeuvre dont dispose toujours la Banque Centrale Européenne pour baisser ses taux d'intérêts, et l'effet de levier financier que peut provoquer la banque Européenne d'Investissement, les moyens ne manquent pas. Parmi les points clefs, il y a aussi et surtout le financement de la formation et de la reconversion des salariés perdus dans des secteurs en déclin et, à terme, condamnés. La relance de l'industrie européenne est au cœur des politiques qui sont en grain d'être redessinées : dialogue social, salaire minimum, réforme des retraites, mobilité des personnels... de nouveaux chantiers à "mutualiser" à l'instar des eurobonds ou autres projects bonds.
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