L'Etat va-t-il allonger la durée de vie des centrales nucléaires ?
L'information de nos confrères du Journal du Dimanche a fait bondir Europe Ecologie Les Verts qui parle de "provocation politique, mensonge économique et aberration énergétique". Ce n'est pour l'instant qu'une information de presse, mais le plus étonnant est que depuis sa publication, il y a eu ni confirmation, ni démenti. Pas de commentaire de la part du gouvernement... y aurait-il donc réellement anguille sous roche ?
De quoi parle-t-on exactement ?
La France compte aujourd'hui 58 réacteurs nucléaires répartis dans 19 centrales. 48 de ces réacteurs ont été mis en service entre 1979 et 1989 avec une durée de vie prévue de 40 ans. Les premiers arriveront donc en fin de vie dès 2018. Les stopper demanderait de construire d'autres centrales pour prendre le relai. Option beaucoup trop coûteuse dans le contexte actuel.
Est-ce le seul argument pour justifier ce projet ?
Non, il y a aussi le consommateur, EDF et l'Etat.
Le consommateur : l'énergie nucléaire est considérée aujourd'hui comme la moins polluante en termes de rejets de CO2 et la moins chère pour produire de l'électricité. Dans un monde où le prix de l'énergie va grandissant, l'argument fait mouche.
EDF ensuite : pour l'exploitant des centrales, allonger ses contrats de dix ans prolonge d'autant les coûts d'entretien, certes, mais lui permet surtout d'améliorer ses profits et donc d'augmenter les dividendes de ses actionnaires dont l'Etat (c'est le troisième point) qui détient 84% du capital de l'électricien.
Depuis l'introduction en bourse d'EDF en 2005, 16 milliards d'euros de dividendes sont tombés dans les caisses publiques. Autre argument non négligeable alors que l'Etat en est à racler les fonds de tiroirs.
Mais EDF et l'Etat ne sont pas les seuls décisionnaires...
Le plus important sera l'avis de l'ASN (l'Autorité de Sûreté Nucléaire). Un éventuel rallongement de la durée de vie des centrales serait décidée en fonction des caractéristiques propres à chaque réacteur, en considérant l'aspect sécurité et puis surtout des considérations économiques : quid des investissements supplémentaires à réaliser et la réponse d'EDF.
Nous n'y sommes pas encore et le débat va enfler. Le Président de la République pourrait faire une annonce autour du 15 novembre.
On peut d'attendre à un vif débat
Le dossier s'annonce brûlant pour le ministre de l'Ecologie Philippe Martin qui sera chargé de le piloter. Alors que François Hollande s'était engagé à réduire la part du nucléaire dans le système électrique de 75 à 50% à l'horizon 2025, Philippe Martin devra notamment expliquer pourquoi l'Elysée semble désormais décidé à suivre les conclusions d'un rapport publié en février 2011 par Claude Mandil et Jacques Percebois, la commission "Energie 2050" pilotée à l'époque par le ministre Eric Besson. Un rapport qu'avait commandé, et qu'aurait bien voulu appliquer, un certain... Nicolas Sarkozy.
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