L'Allemagne souffle le chaud et le froid sur la relance économique en Europe
Ce n'est pas une nouveauté : tout ce qui est bon pour l'Allemagne, Berlin le retient... tout ce qui est mauvais pour l'économie teutonne, Berlin le balaie d'un revers de la main. Si l'on en croît le Süddeutsche Zeitung (l'un des trois grands quotidiens nationaux d'outre-Rhin), le gouvernement devrait annoncer demain mercredi un projet de déficit du budget fédéral 2014 d'environ 7 milliards d'euros, soit moitié moins que ce qui était prévu (du jamais vu depuis 2000). Tant mieux pour le contribuable allemand... tant pis pour les autres. Vu l'amélioration des comptes publics, on aurait pu attendre de Berlin qu'il lâche un peu de lest au nom de la sacro-sainte relance en Europe, histoire d'aider les autres pays asphyxiés par la rigueur... et bien non... le ministre des finances Wolfgang Schaübble ne veut pas lâcher la bride et à quelques mois des élections législatives, Angela Merkel tient le même discours.
***Parallèlement, les länder (les régions allemandes) augmentent le salaire de leurs fonctionnaires
800.000 assimilés fonctionnaires augmentés de plus de 5 et demi% progressivement sur 2 ans... si l'on en croît les syndicats, cela coûtera la modique somme d'1 milliard 400 millions d'euros par an. Orgueil germanique ou pragmatisme économique ? C'est vrai : les finances allemandes vont plutôt bien grâce aux efforts consentis ces dernières années. S'appuyant sur une économie solide, Berlin devrait pouvoir compter sur des revenus fiscaux supplémentaires... l'an dernier, le dynamisme de l'économie allemande a permis au pays d'encaisser un niveau record de cotisations sociales et patronales, ce qui a limité son déficit budgétaire à 0.3% du PIB avec quatre ans d'avance sur le programme fixé.
Tout cela, au risque d'un déséquilibre croissant au sein de l'UE...
On semble loin, effectivement, du rééquilibrage nécessaire à la bonne santé et l'unité de l'Europe, rééquilibrage entre une Europe du Nord qui s'en sort bien et une Europe du Sud vacillante. Italie, Grèce Portugal, Chypre... les indicateurs publiés hier confirment la récession en 2012 dans les pays les plus fragiles de la zone euro. Et que dire de la production industrielle française qui a baissé d'1,2% en janvier ?! L'UE est parvenue à sauver ses banques en dépensant 700 milliards d'euros mais au risque d'avoir perdu dans le même temps une génération entière qui aurait du accéder à l'emploi... cette phrase prononcée par le Pdt. du Parlement européen Martin Schultz est lourde de sens... Madame Merkel et Monsieur Schaübble devraient la méditer.
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