Inflation : le retour ?
Les Français en tout cas le ressentent. Quand vous faites votre marché et que vous constatez que la traditionnelle boite de 6 œufs est passée d’un coup à Paris de 2 euros à 2,20, ça n’a l’air de rien mais ça fait 10% de plus ! Après le pain, la viande et la volaille, les fabricants de produits laitiers ont programmé à leur tout des hausses très importantes. Tout cela du à la hausse des matières premières agricoles à laquelle s’ajoute maintenant la flambée de l’essence … Jusqu’à présent, cette inflation perçue n’était pas prise très au sérieux car elle ne touchait que quelques catégories de biens achetés. L’alimentaire ne pèse que pour 15% dans la consommation totale, donc dans l’indice des prix. Mais pour la première fois depuis longtemps, la situation est différente. Cette hausse était compensée par la baisse continue des produits comme l’électroménager, l’ordinateur, l’habillement. Or on s’aperçoit que leurs prix ne diminuent plus aussi fortement qu’avant. Il pourrait y avoir de mauvaises surprises avec la hausse d’au moins 15% du prix des plastiques, dérivés du pétrole, et qui entrent dans la fabrication des voitures ou des machines à laver. On vient d’enregistrer une hausse des écrans plats au 3ème trimestre. Dans le même temps, les services – loyers, eau, transports – grimpent de 3% l’an. Conséquence, ce chiffre qui au niveau européen a fait l’effet d’une douche froide en fin de semaine dernière : les prix dans la zone euro ont grimpent de plus de 2,6% sur un an, alors que pour la Banque centrale européenne, le seuil d’alerte est à 2%.
Y a-t-il des moyens pour tenter de renverser la tendance ou de limiter la hausse des prix ?
Sur l’essence, faute de réduire les taxes pour ne pas grever le budget de l’Etat, la ministre de l’Economie Christine Lagarde a fait l’aveu d’une certaine impuissance en conseillant aux Français de prendre leur deux-roues. Pour l’alimentaire, Nicolas Sarkozy fait le pari qu’il peut pousser industriels et patrons de la grande distribution à s’engager pour une baisse des étiquettes dans les grandes surfaces. Ce sera quand même plus difficile qu’en 2004 où il avait fait la même démarche à Bercy. Mais le plus grand danger pour le gouvernement, c’est le contexte social avec des secteurs où reviennent au premier rang des revendications salariales : on l’a vu avec la grève à Air France, c’est aussi le cas dans le bâtiment. En Allemagne, les conducteurs de train demandent 30% d’augmentation et menacent de paralyser le pays. Le vrai risque d’inflation, c’est la spirale hausse des prix - hausse des salaires, telle qu’on l’a connue jusque dans les années 80. On n’en est pas là mais il y a des signes de tension.
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