Hausse des prix du pétrole : les automobilistes Français consomment moins de carburant
Oui. L’annonce du litre de super sans plomb à 2 euros dans une station-service parisienne cette semaine n’explique pas à elle seule la baisse de la consommation mais elle en est le symbole. Les Français qui ont besoin de leur véhicule pour aller travailler continuent de consommer mais moins car ils ont changé d’attitude. C’est ce à quoi s’attendaient les spécialistes du secteur depuis plusieurs mois. Nous y sommes. Moins de déplacements, plus de covoiturage et, surtout, attitudes de conduite plus souple donc moins gourmande.
Et puis une polémique a enflé cette semaine. Elle concerne les marges que les pétroliers dégageraient en utilisant leurs stocks.
En cette période électorale, on entend de plus en plus cet argument selon lequel les grands groupes pourraient baisser les prix à la pompe puisqu'ils vendent du carburant stocké depuis bien avant la hausse des cours du brut. Et bien cet argument est faux. Il ne faut pas tout confondre et c'est là où les politiques manquent - volontairement - de précision. Certes, les groupes pétroliers ont pour obligation de disposer d'un stock de trois mois de consommation en prévision d'éventuels coups dur (conflits, blocage de raffinerie, etc...). Mais ces stocks, il est hors de question d'y toucher pour la consommation courante. La réelle variation de prix s'explique en fait par les coûts de raffinage. Dans nos voitures, nous ne mettons pas du pétrole brut (heureusement pour les moteurs) mais du pétrole raffiné. Or, ce produit final est acheté sur les marchés qui, eux-mêmes, outre la spéculation, fluctuent en fonction d'un tas de facteurs : conjoncture internationale, épisodes climatiques, maintenance et accidents sur les plateformes pétrolières. Prenons l'exemple de TOTAL. 20% du pétrole que le groupe commercialise est raffiné par ses soins (généralement, tout cela se fait en flux tendu : le pétrole arrive dans les ports d'acheminement, n'est pas stocké mais raffiné et envoyé directement aux pompistes). Les 80% restants du carburant livré, TOTAL l'achète sur les marchés aux conditions que je viens d'expliquer.
Mais les marges demeurent quand-même confortables.
Et bien restons sur le cas de Total : en 2008, le baril de brut valait 97 dollars… le groupe réalisait cette année là 14 milliards d’euros de bénéfices (année record). En 2011, le baril grimpait à 111 dollars… Total voyait ses profits reculer de 3 milliards d’euros. Je ne suis pas en train d'expliquer que l'industrie pétrolière est une corporation philanthropique, une entreprise est faite pour réaliser des profits. Mais force est de constater que le discours des politiques ne correspond pas toujours à la réalité économique... du moins dans le cas qui nous intéresse ce matin.
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