François Hollande, entre socialisme, social-démocratie et social-libéralisme
Finalement, n'est-ce pas ce que l'on attend d'un chef
d'Etat : qu'il trace les grandes lignes, à échéance longue, pour donner du
champ à son action ? Cette action, François Hollande l'a réaffirmé :
il la mènera en tant que socialiste et non en social-démocrate. Mais les propos
tenus sur le volet économique ne laissent aucun doute. La politique de l'actuel
locataire de l'Elysée est résolument d'essence social-démocrate.
Le terme est décidément à la mode. Qu'est-ce que cela veut
dire concrètement ?
La social-démocratie c'est une stratégie politique qui se
revendique du socialisme mais qui reconnaît l'impossibilité de rompre avec le
capitalisme, d'où la nécessité – pour enrober le tout – d'apporter quelques
contrepoids sociaux. Hier, François Hollande a apporté la preuve de ce positionnement.
Sur l'Europe d'abord. Il a clairement défendu la volonté d'un Bruxelles très
libéral de créer un vrai gouvernement économique européen et un budget commun.
Contrepoids social : l'annonce d'un ''New deal'' à la Roosevelt en faveur
de l'emploi des jeunes, main dans la main avec l'Allemagne. C'est un financier
germano-américain, présenté comme philanthrope, qui détaillera le projet lors
d'une conférence de presse à Paris fin mai. Autre exemple : le financement
du plan d'investissement à 10 ans. Il faut aller chercher l'argent où il se
trouve, notamment à l'étranger et dans des partenariats avec le secteur privé a
dit le Président. Reste à savoir si les conditions fiscales créées par
l'actuelle majorité attireront les investisseurs en France. A ce discours très
libéral, François Hollande répond conférence sociale au mois de juin avec tous
les partenaires sociaux. Entre social-démocratie et social-libéralisme, la
frontière devient de plus en plus ténue.
Et sur les engagements de court terme ?
Quatre sujets majeurs : les impôts, l'emploi, les
retraites et la fiscalité des entreprises. Sur ce dernier point, le sujet des
charges sociales qui pénalisent notre compétitivité n'a pas été abordé.
L'emploi : s'engager sur l'inversion de la courbe du chômage avant la fin
de l'année '"est risqué'' reconnaît désormais le Président. Les
retraites : il faudra travailler plus longtemps et cotiser plus... voilà
qui est dit ! Enfin les impôts : petite phrase lourde de sens : ''l'idéal
serait de ne pas augmenter les taux de prélèvements sur les ménages en 2014 ''.
La porte reste donc ouverte. Hier, François Hollande a inventé un nouveau
concept : le volontarisme sans réel changement. Nous verrons ce que donne l'an
III du quinquennat.
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