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Finie la guerre froide, Berlin rapatrie l'or du Rhin

L'Allemagne va rapatrier en cinq ans son or stocké dans les coffres de la Banque de France. Plus de 370 tonnes de métal jaune... étrange initiative à quelques jours de la célébration des 50 ans du Traité de coopération et d'Amitié franco-allemand.
Article rédigé par franceinfo
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Certains parlent d'une maladresse diplomatique... c'est vrai qu'en terme de calendrier, la Bundesbank aurait pu mieux choisir. Les Allemands ne feraient-ils plus confiance aux Français ? Que nenni... Berlin invoque la fin de la guerre froide. Le stockage de l'or à l'étranger est une spécificité allemande qui a vu le jour dans les années 50, au moment ou Berlin craignait une invasion soviétique. Aujourd'hui, ces réserves (3.400 tonnes pour 143 milliards d'euros) sont les deuxièmes plus importantes au monde après les Etats-Unis ; devant le Fonds Monétaire International, l'Italie, la France et la Chine. Mais l'or est resté " une relique barbare " comme disait l'économiste Keynes... relique barbare symboliquement importante, objet de toutes les rumeurs et de tous les phantasmes. L'an dernier, sur fond de crise en zone euro, la question avait agité certains milieux eurosceptiques au pays de Goethe, au point que la Cour des comptes allemande s'était sentie obligée de recommander un inventaire des stocks (notamment pour tester la qualité des lingots au cas où ils auraient été remplacés par du carton pate). Plus sérieusement, de son côté, le Conseil des sages prônait la création d'un fonds européen d'amortissement de la dette... fonds gagé sur les réserves en or des Etats de la zone euro, mais l'idée avait été abandonnée.


Il faut donc voir dans cette initiative un aspect plus psychologique qu'économique*

Technique d'abord : on pourrait mal prendre le fait que Berlin rapatrie l'intégralité de l'or stocké à Paris et une partie seulement de celui entreposé en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Là encore, n'y voyons pas malice : conserver une monnaie d'échange sur le sol français à l'heure de l'euro est devenu inutile, en revanche garder une poire pour la soif à Londres et New York (par définition hors zone euro) permettra, le cas échéant, de convertir le précieux métal en monnaie étrangère. Et puis les lingots entreposés outre Manche et outre-Atlantique feront aussi progressivement l'objet d'un rapatriement. Psychologique enfin : la crise de la zone euro continue d'inquiéter certains milieux qu'il convient tout simplement de rassurer. En période de crise, c'est mieux d'avoir l'or chez soi... on se replie sur son pré carré... c'est donc aussi un message politique adressé à l'opinion allemande en ces temps troublés.

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