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Europe, le sommet des concessions réciproques entre Paris et Berlin

Un nouveau sommet européen s'ouvre donc aujourd'hui à Bruxelles... comme les précédents, il est présenté comme crucial. En quoi celui-ci l'est-il réellement ?
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Et bien fini le tour de chauffe... après les différentes réunions d'observation entre Paris et Berlin, le Président de la République François Hollande doit imposer sa marque. En clair, si la France n'arrive pas à imposer son point de vue d'ici demain soir sur les principaux points d'achoppement avec l'Allemagne, les futures occasions de le faire seront très rares. Depuis son élection, François Hollande a tout fait pour prouver sa capacité à résister à Angela Merkel en l'emmenant vers le consensus. Le sommet de cette fin de semaine doit en être la concrétisation... chacun, de part et d'autre du Rhin, en est conscient... ce qui rend l'exercice encore plus difficile. Et puis, preuve supplémentaire que ce sommet est d'une autre dimension : on ne va pas y parler d'une énième aide à apporter à tel ou tel pays en difficulté (si le problème grec est abordé, ce sera, à la limite, pour parler d'une éventuelle adaptation du plan de sauvetage. Mais pas plus).


Dans les discussions qui s'annoncent, les marges de manœuvre de la France semblent très étroites...  sur quoi peut-on avancer ? *

Premièrement, le pacte de croissance... (Paris et Berlin semblent enfin d'accord si l'on en croit les quelque 120 milliards d'euros décidés la semaine dernière pour financier des chantiers d'avenir), 2/ l'union bancaire, 3/ l'intégration politique. Sur ces trois points, Paris et Berlin semblent d'accord à deux nuances près : la France vante la solidarité ; l'Allemagne la rigueur et le contrôle budgétaire et bancaire. Ce sont là deux points essentiels pour l'avenir de l'Europe... la vérité est au milieu avec, en filigrane, la survie de l'euro et la croissance. Ce qui va cristalliser les bonnes intentions est le sauvetage des banques espagnoles. Après la Grèce, c'est le deuxième bâton de dynamite... il n'y en aura pas un troisième. Soit l'Allemagne joue la solidarité, soit l'Europe implose. Il faut partager les risques... Paris saura faire les concessions nécessaires pour pousser Berlin à accepter les eurobonds, seule réelle alternative pour éviter la faillite des Etats en difficulté. François Hollande ne va pas demander Berlin de dire oui ou non immédiatement... il va simplement pousser Angela Merkel à en évaluer les bienfaits ou les méfaits.

Mais deux jours de sommet suffiront-ils ?

Non, bien sûr. Entre aujourd'hui et demain, il faut se mettre d'accord sur les principes. Après, on se donnera peut-être un ou deux ans pour conclure. Vite et bien n'ont pas été faits le même jour mais beaucoup de chemin a été parcouru ces derniers mois et dernières semaines. L'Europe en générale et la zone euro en particulier ont montré les limites de leur mauvais fonctionnement. Il est temps de partager la souveraineté... ce sommet sera celui des concessions réciproques ou ne sera pas.

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