Energies : un monde de ressources rares, et chères
On ne peut pas dire que cette semaine soit celle du pouvoir d'achat. Jamais 2 sans 3. Après l'annonce, dimanche, de la hausse de 2,4% des tarifs de la SNCF au 24 janvier ; après confirmation ce matin de la prochaine baisse du rendement du Livret A de 2,25 à 1,75%, voici la hausse très probable de la CSPE (la Contribution au Service Public de l'Electricité). Cette CSPE représente aujourd'hui environ 9% du total de notre facture finale d'électricité... elle est censée financer les tarifs sociaux et les énergies vertes, solaires et éoliennes. Seulement voilà, depuis 2007, la progression de la CSPE n'a pas suivi la flambée du prix de production des énergies renouvelables et EDF s'est retrouvé à les financer à fonds perdus, plombant ses comptes chaque jour un peu plus. Le contentieux durait depuis plus de 5 ans... ça commençait à faire beaucoup.
En sait-on plus sur les modalités de cette opération financière ?*
Non. L'accord signé hier entre Bercy et EDF mentionne simplement le principe de la rétrocession de 4 milliards 900 millions d'euros à l'électricien d'ici 2018. Où l'Etat va aller chercher cet argent ? L'échéancier de remboursement cache-t-il une hausse de la facture finale ? Et puis, surtout, qu'est-il prévu après 2018 ? Autant de questions sans réponses, flou artistique total qui pousse certains analystes à se demander si, dans le contexte déprimé actuel des finances publiques, l'Etat remboursera réellement EDF. En revanche, l'effet d'annonce est réussi sur les marchés... : hier, le titre EDF a marqué la plus belle progression du CAC 40.
Le gouvernement rejette la responsabilité de cette dette sur la précédente équipe au pouvoir... à tord ou à raison ?
En toute logique, le montant de cette Contribution aurait dû continuer de progresser depuis 2007 pour couvrir la hausse des tarifs des énergies renouvelables. Mais à l'époque, l'Etat a préféré épargner le consommateur. Le Bercy d'aujourd'hui reproche au Bercy d'hier de ne pas avoir augmenté les prix en temps utiles... il faut désormais rattraper le temps et les sous perdus. En réalité, le sujet que cache ce débat est celui du financement futur des énergies vertes. Plusieurs rapports sur la question, dont un de la Cour des comptes, ne laissent pas place au doute. Selon la Commission de Régulation de l'Energie, pour refléter fidèlement les coûts réels, la facture finale pour le consommateur - vous et moi - devrait augmenter de 30% entre 2012 et 2016. Politiquement impossible, économiquement suicidaire pour la majorité des foyers français. Pourtant, au final : on voit mal quelqu'un d'autre que le consommateur supporter cette évolution des prix... même le nucléaire et le gaz de schiste n'y feront rien... tout au plus permettront-ils de limiter les dégâts.
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