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Energie, dépenses, pouvoir d'achat : l'Etat Janus

Le gouvernement envisage de modérer la hausse des tarifs de l'électricité dès 2015 ou 2016. La progression serait limitée à 2 ou 3% par an. Il entend limiter l'impact sur le pouvoir d'achat des ménages mais l'exercice s'annonce difficile.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Le gouvernement envisage d'opter dès 2015 pour un autre mode de calcul que celui appliqué actuellement. La loi le lui permet pour adapter la trajectoire en fonction d'une série de critères. Il s'agit des tarifs réglementés auxquels doit se soumettre EDF. Ces tarifs ne cessent d'augmenter... il y a déjà eu + 5% en moyenne le 1er août... la même hausse est prévue pour l'été 2014, voire en 2015. Sur un an, nos factures auront progressé au total de 10 %, soit la plus forte progression depuis la privatisation d'EDF en 2003.


Ce qui pose un vrai problème de pouvoir d'achat pour les foyers*

D'où l'initiative annoncée hier par le gouvernement de limiter la progression d'ici la fin du quinquennat. Pour ce qui est de la période 2016-2018, la décision finale n'est pas encore arrêtée car elle dépend de plusieurs facteurs. D'abord l'équilibre financier d'EDF qui a amplifié cette année son plan d'économies en raison de la conjoncture. Et puis il y a le coût réel de l'énergie, toujours plus chère à produire car liée aux cours du pétrole, aux conflits dans le monde, au financement des renouvelables et des tarifs sociaux.
La CRE, la Commission de régulation alerte souvent sur le fait que, pour financer tout cela, la CSPE (la Contribution au Service Public de l'Energie qui représente près du 1/10ème de notre facture) devrait faire un bond de 70%. C'est un manque à gagner pour EDF mais l'Etat promet de lui restituer 5 milliards d'euros d'ici 2018. Au final, le trou est bien là.

Voilà pour ce qui est de l'électricité. Mais si on parle pouvoir d'achat, on est obligé d'élargir à d'autres services comme les transports

Avec en toile de fond la hausse de la TVA au 1er janvier. On a entendu le récent coup de gueule du patron de la SNCF Guillaume PEPY, obligé de préparer les esprits à une hausse du prix des billets de train. Idem pour les transports régionaux. Hier, le Syndicat des Transports d'Ile de France a annoncé une augmentation des prix du RER de 3%. Une hausse somme toute limitée puisqu'elle répercutera uniquement les besoins d'investissements et non intégralement la TVA (sinon, les tickets auraient pris 6%). Encore une fois, cette différence devra bien être rattrapée un jour.


Vous êtes en train de nous dire que la "douloureuse" sera sévère* ?

Une limitation des prix de l'électricité en trompe l'œil, et de court terme, car ne tenant pas compte du coût réel de l'énergie comme on vient de le voir ; hausse limitée dans les transports mais pour combien de temps ? La TVA qui va toucher les biens de consommation... tout cela dans un pays où le nombre de smicards augmente. Une étude rendue publique hier par le ministère du Travail montre que le nombre de personnes touchant le salaire minimum a augmenté d'un demi million entre janvier 2012 et janvier 2013 (13% des salariés français touchent désormais le SMIC en France).  
Donc, d'un côté nous avons un Etat qui, face à une paupérisation de la population, annonce des mesures temporelles – et temporaires – ; de l'autre, un Etat qui accentue la pression fiscale pour financer son fonctionnement à défaut d'engager de réelles réformes et, surtout, de dire clairement où il entend faire des économies. Pas sûr que les Français s'y retrouvent dans ce concert de paradoxes.

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