Election présidentielle : entre engagements de campagne et réalités économiques
Entre discours politiques et réalités économiques, il y a un parfois un gouffre. Il ne s’agit pas de critiquer les candidats qui labourent le terrain (on leur reproche trop souvent leur manque de réaction et quand ils réagissent, on a vite fait de critiquer leur décision). Mais leur posture ne doit pas ignorer, et faire oublier, ces réalités économiques qui, elles, ne se décrètent pas sur un simple claquement de doigts. Et à ce titre, Photowatt, Arcelor-Mittal de Florange ou Gandrange, la raffinerie Pétroplus de Petit-Couronne ou, dans une moindre mesure, les lingeries Lejaby d’Issingeaux, font figure d’exemple.
Mais peut-on mettre tout le monde dans le même panier ?
Le fabriquant de panneaux photovoltaïques Photowatt est le parfait exemple de l’entreprise qui souffre à la fois du contexte national et international. L’énergie photovoltaïque est la plus chère qui soit à la production : jusqu’à 400 euros le Kwh contre 50 à l’électricité traditionnelle (environ 80 euros pour l’éolien). A ces prix prohibitifs s’ajoute le contexte concurrentiel international de plus en plus tendu avec des chinois qui vendent le matériel moitié moins cher et qui inondent le marché. Les industriels européens, à fortiori Français, peuvent difficilement suivre, et les Etats les subventionner à fonds perdus. Par le maintien de postes et les reclassements qu’elle permet, la reprise annoncée de Photowatt par EDF est une bonne nouvelle sur le plan social mais laisse des questions en suspend sur la pérennité du projet initial et du business model de l’entreprise si elle restait indépendante.
Et qu’en est-il des Lejaby, Gandrange et autre Florange ?
Et bien que ce soit pour les sous-vêtements ou la métallurgie, on retrouve la concurrence des pays émergents à faible coût de main d’œuvre. Que peuvent faire les politiques ? Inscrire leur action dans le long et non le court terme de l’affichage électoral. L’industrie et la PME sont le berceau de la recherche et de l’innovation, le défi de la compétitivité, et donc de l’emploi. Taxer les très hauts revenus au nom du partage et de la morale est très louable mais à un nouvel impôt ‘’confiscatoire’’ (le terme officiellement employé est lourd de sens), ne vaudrait-il pas mieux contraindre les grands patrimoines à investir ? Il serait anormal de ne pas lutter contre les inégalités et les salaires mirobolants de certains grands patrons, footballeurs ou acteurs de cinéma. Mais cela ne doit pas obérer les chances – et surtout casser les capacités – d’un pays à se développer.
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